Les publications économiques du troisième trimestre ont mis en évidence une divergence entre les États-Unis et le reste du monde, la croissance américaine restant solide, tandis qu’elle a marqué le pas en Europe et en Chine. Marchés actions et obligataires ont progressé, malgré une poussée de volatilité début août, faisant suite à la hausse des taux de la Banque du Japon et à des chiffres d’emploi décevants aux États-Unis. Les devises ont nettement varié sur le trimestre, sous l’influence des anticipations de politique monétaire. Etant donné les incertitudes liées à l’économie américaine et la proximité des élections, une allocation d’actifs prudente nous semble avoir du sens.
Croissance américaine solide, ralentissement en Europe et en Chine
L’économie américaine continue d’afficher une croissance forte, le PIB ayant augmenté de +0,7% au deuxième trimestre après +0,4% au premier trimestre, grâce à la consommation des ménages. Cependant, plusieurs indicateurs du marché du travail se sont détériorés durant l’été, accentuant les craintes relatives à une récession. En effet, les créations d’emplois ont marqué le pas et le taux de chômage a augmenté à 4,2%, contre un point bas à 3,7% en début d’année. Dans le même temps, l’inflation a poursuivi sa baisse pour s’établir à +2,5% sur un an.
De son côté, l’économie de la zone euro connaît une baisse de régime. Après une hausse de +0,3% au premier trimestre, le PIB n’a augmenté que de +0,2% au deuxième trimestre en raison d’un affaiblissement de la demande intérieure. Le taux de chômage est au plus bas à 6,4%, mais les ménages restent très prudents, le taux d’épargne continuant à augmenter. Malgré des hausses de prix toujours soutenues dans les services, l’inflation est revenue en-dessous de 2%.
En Chine, la croissance du PIB a fortement diminué, passant de +1,5% au premier trimestre à +0,7% au deuxième trimestre, la demande intérieure restant plombée par le secteur immobilier. Dans ce contexte, les autorités ont annoncé de nouvelles mesures de soutien à l’activité, notamment une baisse des taux d’intérêt.
Poursuite de la hausse des marchés actions
Malgré un regain de volatilité début août, faisant suite à une hausse surprise des taux de la Banque du Japon et à des chiffres d’emploi décevants aux Etats-Unis, les marchés actions ont poursuivi leur progression au troisième trimestre, la baisse des taux de la Fed et le plan de relance chinois alimentant les espoirs d’un atterrissage en douceur de l’économie mondiale. L’indice S&P 500 des actions américaines a augmenté de 5,5% (en dollar) et la hausse ne se limite pas aux « Sept Magnifiques », puisque le reste du marché a augmenté de 7,5%. En zone euro, la hausse de l’Euro Stoxx a été plus modérée à +2,9% (en euro). L’indice MSCI des actions émergentes a augmenté de +7,8% (en dollar), porté notamment par l’envolée des actions chinoises après l’annonce des mesures de soutien. A contrario, l’indice Nikkei 225 des actions japonaises a baissé de 4,2% (en yen), dans un contexte d’appréciation de la devise japonaise.
Forte baisse des taux d’intérêt
Les craintes autour de la croissance et le ralentissement de l’inflation ont renforcé les attentes d’assouplissement monétaire, provoquant une forte baisse des taux d’intérêt au troisième trimestre, ce qui a soutenu la performance des actifs obligataires. Le taux à 10 ans du Trésor américain a baissé de 62 points de base à 3,78%, et celui de l’Allemagne de 38 points à 2,12%. En septembre, la BCE a réduit son taux de dépôt de 25 points de base, puis a réitéré ce mouvement en octobre pour l’amener à 3,25%. La Réserve Fédérale a quant à elle baissé son taux directeur de 50 points de base à 4,75%-5,00%, jugeant les risques entre l’inflation et l’emploi mieux équilibrés. Les membres de la Fed prévoient une nouvelle baisse de 50 points de base d’ici fin 2024, suivie d’une réduction de 100 points en 2025.
Nettes variations des devises
Au troisième trimestre, l’euro s’est légèrement apprécié face aux devises de ses principaux partenaires commerciaux, le taux de change effectif nominal augmentant de 0,5%. Cependant, cela cache des mouvements significatifs vis-à-vis de certaines monnaies, l’euro s’étant apprécié de 3,9% par rapport au dollar et déprécié de 7,2% face au yen, la révision en baisse des attentes de taux directeurs en euro ayant été moins importante qu’aux États-Unis, tandis qu’au Japon, ces attentes ont été réhaussées.
Perspectives économiques et financières
Une allocation d’actifs prudente nous semble avoir du sens, le temps d’y voir plus clair sur l’économie américaine. Si le taux de chômage se stabilise sur les prochains mois, cela signifiera que la Réserve Fédérale aura réussi un atterrissage en douceur de l’économie. Dans un tel scénario, les marchés actions disposeraient d’un potentiel de performance lié à la croissance des résultats d’entreprises, les niveaux de valorisation étant déjà élevés aux Etats-Unis. En revanche, les anticipations d’assouplissement monétaire devront être revues à la baisse, ce qui ferait remonter les taux d’intérêt. Si le taux de chômage poursuit sa hausse, cela signifiera que l’économie américaine ralentit fortement et risque d’entrer en récession. Dans un tel scénario, les actifs risqués devraient baisser pour intégrer cette dégradation de l’activité. Compte tenu des anticipations déjà importantes d’une baisse des taux d’intérêt, les marges en faveur d’une réduction supplémentaire nous semblent limitées. Par ailleurs, la proximité des élections américaines, dont l’issue est toujours très incertaine, pourrait pousser les investisseurs à rester attentistes.
* * *
Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/economie-lettre-de-la-gestion-privee-3eme-trimestre-2024/
L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 29 octobre 2024 et est susceptible de changer.
Ce document n’a pas de valeur pré-contractuelle ou contractuelle. Il est remis à son destinataire à titre d’information. Les analyses et/ou descriptions contenues dans ce document ne sauraient être interprétées comme des conseils ou recommandations de la part de Lazard Frères Gestion SAS. Ce document ne constitue ni une recommandation d’achat ou de vente, ni une incitation à l’investissement. Ce document est la propriété intellectuelle de Lazard Frères Gestion SAS. LAZARD FRERES GESTION – S.A.S au capital de 14.487.500€ – 352 213 599 RCS Paris 25, RUE DE COURCELLES – 75008 PARIS.