ÉCONOMIE | Lettre de la Gestion Privée | 4ème trimestre 2025

L’économie mondiale a fait preuve d’une résistance inattendue ces derniers mois, mais la hausse des droits de douane et la dégradation du marché du travail aux Etats-Unis fragilisent l’économie américaine. Ce contexte amène désormais la Fed à reprendre ses baisses de taux, alors que la BCE maintient le statu quo face à une embellie qui se confirme en Europe. Les marchés actions ont été prompts à intégrer les bonnes nouvelles, portant les valorisations à des niveaux élevés. Malheureusement, l’incertitude politique reste présente en France.

Alignement de la croissance aux Etats-Unis et en Europe

L’économie mondiale a fait preuve d’une résistance inattendue face au choc protectionniste américain. La demande intérieure aux Etats-Unis a été solide depuis le deuxième trimestre, grâce à la consommation des ménages et à l’investissement en IA. Les enquêtes d’activité se sont redressées en Europe, tandis que la croissance s’est stabilisée en Chine. Cependant, les hausses de droits de douane devraient participer à freiner l’économie américaine au cours des prochains mois, alors que le marché du travail envoie des signaux inquiétants, les créations d’emplois marquant le pas depuis l’été. S’il y a peu de raisons de s’attendre à une accélération de la croissance aux Etats-Unis, la demande domestique européenne devrait bénéficier de la relance budgétaire en Allemagne et de l’accélération des décaissements liés au plan européen NextGen EU. Une convergence de la croissance américaine et européenne vers 1,5% semble ainsi se dessiner, un niveau plus faible que la norme aux Etats-Unis mais légèrement supérieur au potentiel en Europe. La croissance chinoise devrait s’établir autour de 5%.

Reprise des baisses de taux de la Fed, statu quo de la BCE

En septembre, la Fed a procédé à sa première baisse de taux depuis neuf mois (-25 points de base à 4,00-4,25%), estimant que les risques sur l’emploi l’emportaient désormais sur ceux liés à l’inflation. Les attentes de taux courts semblent désormais bien intégrer les fondamentaux américains. En revanche, la partie longue de la courbe pourrait être davantage sous pression à cause du déficit et de l’inflation. De son côté, la BCE semble décidée à maintenir le taux de dépôt autour de 2%, l’inflation étant revenue à sa cible et l’économie ne montrant pas d’inflexion à la baisse.

Des marchés actions très optimistes

Les marchés actions ont été prompts à intégrer les baisses de taux directeurs sans intégrer les risques économiques qui les accompagnent historiquement. La croissance bénéficiaire reste bonne aux Etats-Unis grâce à la domination des valeurs technologiques, mais cette concentration renforce le risque d’ajustement. Sur les niveaux de valorisation actuels, notre positionnement déjà prudent reste d’autant plus valable. Au niveau de l’allocation géographique, nous privilégions les actions européennes et japonaises au détriment des actions américaines, compte tenu de la dynamique des différentes zones.

France : l’incertitude politique s’installe

La chute du gouvernement Bayrou en septembre, suivie de la chute du gouvernement « Lecornu I » en octobre, ont alimenté la crise politique française découlant de la dissolution de l’Assemblée nationale à l’été 2024. L’activité économique s’en est déjà ressentie, comme en témoignent la baisse de l’investissement des entreprises et la prudence accrue des consommateurs, avec un taux d’épargne qui a continué de grimper au printemps à près de 19%. Une incertitude prolongée en France viendrait fragiliser une activité déjà faible, avec une croissance pour cette année prévue à 0,8% par l’INSEE. Sur la question des finances publiques, la trajectoire budgétaire de la France pose des questions légitimes. En effet, alors que la plupart des pays de l’Union Européenne ont continué à réduire leur déficit sur 2023 et 2024, la France a au contraire vu son déficit se dégrader à 5,8% du PIB. Les mesures d’économie commençaient à porter leurs fruits, mais la situation actuelle risque de retarder la consolidation nécessaire. Sur les marchés, la réaction a été plus modérée qu’à l’été dernier, le risque politique étant déjà en partie reflété dans les niveaux de valorisation.

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et s’apprécient à l’issue de la durée de placement recommandée.

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Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/economie-lettre-de-la-gestion-privee-2eme-trimestre-2025/

L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 23 octobre 2025 et est susceptible de changer.

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