Partie 1 : poursuite de l’expansion américaine
L’économie américaine étant sans doute entrée dans la dernière phase de son expansion, la publication de plusieurs mauvais chiffres au T4 2018 et l’inversion de la courbe des taux début décembre ont fait ressurgir le spectre d’une récession, comme en 2011 et en 2016. Mais selon nous, les craintes quant à une éventuelle récession sont encore prématurées.
La baisse brutale de la composante nouvelles commandes de l’ISM manufacturier en décembre (graphique 1) a en effet envoyé un très mauvais signal sur la conjoncture américaine. Mais cette composante a déjà baissé fortement sur un mois sans refléter une vraie faiblesse de l’économie (voir janvier 2014). La bonne tenue des créations d’emplois, y compris dans le secteur manufacturier, amène à relativiser ce mauvais chiffre. En outre, un certain nombre d’autres indicateurs cycliques ne sont pas cohérents avec un scénario de récession aux Etats-Unis.
C’est le cas notamment des inscriptions hebdomadaires au chômage. Avec les nouvelles commandes de l’ISM manufacturier, elles constituent un des meilleurs indicateurs d’un basculement en récession. Leur rebond entre fin septembre et début décembre pouvait donc être le signe avant coureur d’une entrée en récession. Elles ont depuis rebaissé et n’affichent qu’une hausse de 6% par rapport à leur point bas. Le graphique 2 montre qu’une réelle tendance haussière ne se met en place qu’entre 9 et 18 mois avant la récession. La faible hausse observée depuis septembre semble donc exclure une récession avant au moins huit mois.
Le secteur résidentiel qui joue un rôle important dans la transmission de la politique monétaire, et donc dans le cycle économique, n’est pas non plus cohérent avec une récession. Les permis de construire de maisons individuelles font du surplace depuis près d’un an (graphique 3). Or, une nette tendance baissière a précédé toutes les récessions, à l’exception de 2001.
Enfin si les activités cycliques liées aux ménages, comme le résidentiel, se retournent en amont des récessions, le repli des activités cycliques liées aux entreprises constitue souvent le cœur de la récession. Historiquement, les profits baissent entre un et deux ans avant l’entrée en récession, fragilisant les entreprises. Après avoir baissé de 13% en 2015, les profits réels des entreprises sont repartis à la hausse et ont accéléré sur les derniers trimestres. Ils sont de retour sur leur point haut (graphique 4).
En résumé, une récession aux Etats-Unis en 2019 nous semble peu probable. Si le fort repli des nouvelles commandes de l’ISM manufacturier peut créer un doute sur une entrée imminente en récession, les autres indicateurs ne sont pas cohérents avec ce scénario. Notre horizon le plus probable pour un retournement cyclique est de 12 à 24 mois.
Cela dit, il faut sans doute s’attendre à un ralentissement de la croissance américaine. Notamment car la politique budgétaire va moins soutenir la croissance, l’essentiel de l’augmentation du déficit étant passé.
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