ÉCONOMIE | Lettre de la Gestion Privée | 1er trimestre 2025

L’année 2024 a été marquée par une poursuite de l’exceptionnalisme américain : la croissance des Etats-Unis a surpassé celles des autres économies avancées, les actions américaines ont surperformé et le dollar s’est apprécié. Cette année a également été marquée par un reflux de l’inflation, permettant à la Fed et à la BCE d’amorcer l’assouplissement de leur politique monétaire. Ces tendances se poursuivront elles en 2025 ? Quelles seront les conséquences des « Maganomics » de Trump sur l’économie mondiale ?

2024 : poursuite de l’exceptionnalisme américain

L’année écoulée a été marquée par la supériorité de l’économie américaine, avec une croissance estimée à +2,7%, comparée à une moyenne de +1,1% dans les autres économies avancées. La réaccélération de la consommation des ménages et le maintien d’une dépense publique solide ont permis de compenser la dynamique moins favorable de l’investissement. La zone euro a affiché des résultats moins impressionnants, avec une croissance estimée à +0,8 %. Les consommateurs européens ont fait preuve d’une grande prudence et l’économie allemande a continué d’éprouver des difficultés, le PIB faisant du surplace depuis près de trois ans. Ces tendances ont été exacerbées par les troubles politiques en France et en Allemagne, ainsi que par la faiblesse persistante de l’industrie. Des deux côtés de l’Atlantique, les tensions sur les marchés du travail se sont apaisées, bien que les taux de chômage soient restés à des niveaux historiquement bas, permettant une baisse de l’inflation. L’année s’est avérée compliquée pour l’économie chinoise, avec un ralentissement de la demande interne et des pressions baissières sur les prix, amenant un renforcement des mesures de soutien. Néanmoins, le dynamisme des exportations a permis d’amortir le choc, permettant au gouvernement d’atteindre sa cible de croissance de 5%.

Surperformance des actions américaines

Pour un investisseur européen non couvert contre le risque de change, les marchés actions mondiaux ont progressé de +24% en 2024. On retrouve une supériorité des Etats-Unis, l’indice S&P 500 étant en hausse de +32%, soutenue par une hausse spectaculaire de +78% des « 7 Magnifiques », ces valeurs technologiques représentant désormais plus d’un tiers de la capitalisation boursière du marché américain. Le marché européen accuse un net retard, avec une hausse de +7% pour l’Euro Stoxx, à cause de l’effet de ricochet de la baisse de -2% du CAC 40. Cette baisse reflète à la fois les incertitudes politiques et un biais sectoriel lié à une moindre présence du secteur technologique et à une forte exposition au luxe, lequel a souffert. Les marchés japonais et émergents ont enregistré de bonnes performances, progressant tous deux de +12%. Ces performances embarquent d’importants effets devises, l’euro s’étant déprécié de -6% contre dollar et apprécié de +5% contre yen.

Début de normalisation des politiques monétaires

Le reflux de l’inflation a permis aux principales banques centrales d’amorcer des baisses de taux directeurs, à l’exception notable du Japon qui a mis fin à sa politique de taux négatifs. La Fed et la BCE ont toutes deux baissé leur taux directeur de -100 points de base, les ramenant respectivement entre 4,25% et 4,50% et à 3,00% pour le taux de dépôt. Néanmoins, les taux d’intérêt à long terme ont augmenté, reflétant à la fois une révision à la hausse du point d’atterrissage des taux directeurs et la reconstitution d’une prime de terme entre les taux courts et les taux longs. Le taux à 10 ans du Trésor américain a augmenté de 3,9% à 4,6% et celui de l’État allemand de 2,0% à 2,4%. À cause des incertitudes politiques, le taux à 10 ans de l’État français a augmenté davantage qu’en Allemagne, passant de 2,6% à 3,2%. Dans ce contexte, l’indice ICE Euro Broad Market des obligations en euro a augmenté de +2,6%, la bonne tenue du crédit compensant l’impact négatif de la hausse des taux d’État.

2025 : régime de croissance similaire à 2024, Trump et inflation à surveiller

L’environnement de croissance devrait rester favorable aux Etats-Unis, mais les bonnes surprises sur l’emploi posent la question du retour de tensions sur le marché du travail. Par ailleurs, l’incertitude est grande sur les actions à venir de Donald Trump qui aura les coudées franches pour mettre en place son programme électoral. Si la dérèglementation et les réductions d’impôts peuvent stimuler la confiance des entreprises, les barrières commerciales et la lutte contre l’immigration sont susceptibles d’avoir des effets négatifs sur l’économie. Ce contexte ravive les incertitudes sur l’évolution de l’inflation et de la politique monétaire de la Fed.

Dans la zone euro, l’activité économique devrait s’améliorer progressivement, à la faveur d’un rebond de la consommation des ménages et d’un assouplissement des conditions monétaires et de crédit. L’ingrédient manquant est l’amélioration de la confiance des ménages, les tensions politiques en Allemagne et en France ayant enrayé la dynamique d’amélioration. En Chine, le secteur de l’immobilier devrait continuer à peser sur la demande domestique, tandis que les exportations risquent de pâtir d’une augmentation des droits de douanes américains. Toutefois, ces vents contraires devraient partiellement être compensés par un renforcement des mesures de relance.

Sur les marchés, on constate que l’élan qui avait porté les actions américaines avant même l’élection marque une pause et que les investisseurs pèsent soigneusement les facteurs positifs et négatifs. Dans un contexte de valorisations élevées, avec un taux d’État américain à 10 ans de plus en plus proche de 5% et un dollar qui tend vers de la parité, nous pourrions avoir de la volatilité. Nous maintenons une légère sous-exposition aux actions, ce qui nous donne des marges de manœuvre pour tirer profit de mouvements de marché. Nous restons prudents sur les obligations d’État et favorisons les obligations d’entreprises qui offrent un portage attractif.

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et s’apprécient à l’issue de la durée de placement recommandée.

Les données de cet article proviennent de Bloomberg et FactSet en date du 31 décembre 2024.

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Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/economie-lettre-de-la-gestion-privee-4eme-trimestre-2024/

L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 21 janvier 2025 et est susceptible de changer.

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