Les statistiques économiques brossent un portrait plus fragile de la conjoncture américaine avec davantage de signes d’un basculement prochain en récession. Les marchés actions ont bien débuté l’année avant d’être rattrapés par les craintes d’un durcissement monétaire plus fort que prévu et des tensions dans le système financier. Ce contexte a entraîné une forte volatilité sur les marchés obligataires. Quelles sont les conséquences de ces évènements sur notre scénario économique et financier ?
Davantage de signes de retournement de l’économie américaine
Aux États-Unis, les statistiques économiques ont surpris à la hausse en début d’année, mais les dernières publications brossent un portrait plus ambigu de la conjoncture. Du côté des points positifs, on peut noter la vigueur de la consommation des ménages et la stabilisation de l’activité dans le secteur immobilier. Du côté des points négatifs, la confiance des entreprises s’oriente à la baisse et le marché du travail montre des signes d’affaiblissement. On observe notamment une nette remontée des inscriptions hebdomadaires au chômage. L’ampleur de la hausse par rapport aux points bas de l’automne dernier est similaire à ce que l’on a pu observer quelques mois avant les récessions précédentes. A contrario, les enquêtes auprès des entreprises témoignent d’une nette amélioration de la conjoncture dans la zone euro et en Chine au premier trimestre. S’agissant de l’inflation, les effets de base liés aux prix de l’énergie atténuent mécaniquement la hausse des glissements annuels aux États-Unis et dans la zone euro. Cependant, les pressions sous-jacentes restent fortes, les prix à la consommation hors énergie et alimentation affichant des hausses respectives de + 5,6 % et de + 5,7 % en mars.
Poursuite de la hausse des marchés actions
L’apaisement des craintes de récession en Europe et la politique monétaire plus agressive de la BCE ont soutenu la monnaie européenne. Après avoir chuté sous la parité avec le dollar, l’euro a rebondi de + 9,2 % au quatrième trimestre pour s’établir à 1,07 dollar fin décembre.
Resserrement des politiques monétaires
Les marchés actions ont démarré l’année sur les chapeaux de roues, soutenus par la bonne résistance de la croissance européenne, la réouverture anticipée de l’économie chinoise et le ralentissement de l’inflation dans les pays occidentaux. L’euphorie est retombée en février quand les publications économiques très solides ont amené les investisseurs à anticiper davantage de hausses de taux par la Fed et la BCE. En mars, les problèmes de certaines banques américaines et les déboires de Crédit Suisse ont été la source de beaucoup de volatilité. Les valeurs financières ont particulièrement souffert. Sur l’ensemble du premier trimestre, les performances sont bonnes, l’Euro Stoxx (en euros) a augmenté de + 11,5 %, le S&P 500 (en dollars) de + 7,0 %, le Topix (en yens) de + 5,9 % et l’indice MSCI des actions émergentes (en dollars) de + 3,5 %.
Forte volatilité sur les marchés obligataires
Depuis le début de l’année, les investisseurs ont basculé d’un scénario à l’autre en matière d’évolution des politiques monétaires, entraînant beaucoup de volatilité sur les taux d’intérêt. Après avoir commencé l’année en attendant une baisse des taux de la Fed à 4,50 % fin 2023, les investisseurs tablaient début mars sur une poursuite des hausses à 5,50 %. Les tensions dans le système bancaire ont entraîné une réévaluation brutale des attentes à 3,70 % et le marché s’est dernièrement aligné sur son scénario de début d’année, c’est-à-dire une baisse d’environ 25 points de base par rapport au niveau actuel de 4,75 %-5,00 %. Dans la zone euro, le marché attend encore une hausse de 75 points de base des taux directeurs, ce qui porterait le taux de dépôt à 3,75 %. Sur l’ensemble du premier trimestre, le taux à 10 ans du Trésor américain baisse de 41 points de base à 3,47 % et le taux à 10 ans de l’État allemand de 28 points de base à 2,29 %.
Légère appréciation de l’euro face au dollar
L’euro a fluctué dans une fourchette comprise entre 1,05 et 1,09 dollar pour terminer le trimestre proche du plus haut à 1,08 dollar, soit une hausse de 1,3 % face au dollar sur l’ensemble du premier trimestre.
Quelles sont les conséquences des récents évènements de marché sur notre scénario ?
Les impacts des récents évènements ayant touché les institutions financières, notamment les banques SVB et Crédit Suisse, restent encore très incertains. Il semble trop tôt pour déterminer dans quelle mesure les conditions de financement vont se durcir et impacter l’économie, d’autant plus que la bonne situation des ménages et des entreprises pourrait réduire l’effet de ces tensions sur l’activité. Avant même ces évènements, le durcissement des conditions d’octroi de crédit aux États-Unis atteignait un niveau cohérent avec
un scénario de récession. Pour les banques centrales, cette situation ajoute une nouvelle complexité. Lors de leur dernière réunion, la Fed et la BCE ont donc basculé dans une phase de navigation à vue. Selon nous, les économies occidentales devront passer par une récession pour supprimer les pressions inflationnistes. La prudence reste donc de mise sur les marchés actions, les points bas n’étant généralement atteints qu’après l’entrée en récession, d’autant que les signes d’un basculement de l’économie américaine semblent se multiplier. Même si les banques centrales maintiennent une politique restrictive pour s’assurer d’une convergence de l’inflation vers leur cible, le potentiel de hausse supplémentaire des taux d’intérêt semble désormais plus limité.
Repères boursiers :
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Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/economie-lettre-de-la-gestion-privee-1er-trimestre-2023/
L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 24 avril 2023 et est susceptible de changer.
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