L’environnement économique s’est complexifié avec le déclenchement de la guerre en Ukraine et la flambée des cours des matières premières, causant une forte baisse des marchés actions au premier trimestre. Les taux d’intérêt se sont fortement tendus, le contexte d’inflation élevée amenant les banques centrales à accélérer la normalisation de leur politique monétaire. Quel sera l’impact de la guerre russo-ukrainienne sur l’économie et sur les marchés ?
Choc énergétique et retour des confinements en Chine
Avant la guerre en Ukraine, l’environnement était porteur pour la zone euro. La levée des restrictions sanitaires permettait un rebond de l’activité et le taux de chômage était au plus bas à 6,8%. Les enquêtes PMI de mars ont montré que la guerre russo-ukrainienne n’a pas eu d’impact majeur sur la confiance des entreprises européennes, mais l’impact a été plus notable sur la confiance des ménages. Avec l’envolée des prix de l’énergie, l’inflation dans la zone euro a nettement accéléré en mars pour atteindre +7,5% sur un an. L’inflation hors alimentation et énergie progressait aussi au rythme élevé de +3,0% sur un an. Les Etats-Unis restent pour l’instant moins touchés par le choc énergétique, à en juger par la meilleure résistance des enquêtes de confiance. La guerre en Ukraine ne semble pas non plus perturber le marché de l’emploi qui reste extrêmement tendu. À 3,6% en mars, le taux de chômage s’est rapproché de son point bas. L’inflation restait élevée en février à +7,9% sur un an et +6,4% hors énergie et alimentation. En Chine, le gouvernement a annoncé viser une croissance de +5,5% cette année, un rythme ambitieux compte tenu du ralentissement du marché de l’immobilier et du renforcement des restrictions sanitaires.
Chute des marchés actions
Le déclenchement de la guerre en Ukraine et la flambée des cours des matières premières ont causé une forte baisse des marchés actions au premier trimestre. La dépendance énergétique de l’Europe vis-à-vis de la Russie a amené une sous-performance des actions européennes. Sur l’ensemble du premier trimestre, l’Eurostoxx (en euros) a baissé de 9,2%, le S&P 500 (en dollars) de 4,9%, le Topix (en yen) de 2,3% et l’indice MSCI des marchés émergents (en dollars) de 7,3%. Le reflux des prix de l’énergie et les espoirs d’un apaisement du conflit entre la Russie et l’Ukraine ont permis aux marchés actions d’amorcer un rebond dans le courant du mois de mars.
Forte tension des taux d’intérêt
Le contexte d’inflation très forte et l’adoption par les banques centrales de mesures ou de discours plus restrictifs ont entraîné une nette hausse des taux d’intérêt. Le taux à 10 ans du Trésor américain a augmenté de 83 points de base à 2,34% et le taux à 10 ans de l’Etat allemand de 73 points de base à 0,55%. En mars, la Fed a annoncé une hausse d’un quart de point de son taux directeur, à 0,25%-0,50%, une première depuis 2018. La Fed a également ouvert la voie à une diminution de la taille de son bilan, actuellement de 9000 Mds USD, au rythme maximum de 95 Mds de dollars par mois. En parallèle, les membres du comité de politique monétaire ont revu à la hausse leurs prévisions de taux d’intérêt. Ils anticipent désormais 6 hausses supplémentaires de 25 points de base en 2022 et entre trois et quatre hausses en 2023. De son côté, la BCE a annoncé, en mars, une accélération du calendrier de réduction de ses achats d’actifs. Elle a également ouvert la voie à une première remontée de ses taux d’intérêt cette année, tout en se gardant une certaine flexibilité.
Poursuite de la dépréciation de l’euro
La guerre en Ukraine a pesé sur l’euro qui est passé de 1,14 à 1,11 dollar, avec un point bas à 1,09 début mars, soit une dépréciation de 2,7% au premier trimestre. L’euro s’est apprécié de 5,6% contre le rouble qui a effacé une grande partie de ses pertes, l’augmentation des taux d’intérêt par la banque centrale russe et la mise en place de contrôles de capitaux soutenant la devise.
Guerre en Ukraine : quel impact sur l’économie et les marchés ?
Pour l’économie mondiale, l’impact direct lié à une baisse d’activité en Russie et en Ukraine sera limité. En 2021, les deux pays représentaient moins de 2% du PIB mondial. L’impact de la guerre en Ukraine sera surtout indirect, via les prix des matières premières. Ceux-ci sont en forte hausse, mais il est sans doute trop tôt pour en déduire qu’ils constituent de nouveaux prix d’équilibre. Si le conflit se résout rapidement, les prix devraient se normaliser. En revanche s’il dure, les prix pourraient rester très élevés et peser sur la consommation des ménages. L’Europe est la zone la plus exposée à ces évolutions. Toutefois, les gouvernements vont absorber une partie du choc et les ménages disposent encore d’une sur-épargne abondante. Le ralentissement devrait rester limité aux Etats-Unis. Pour les marchés, le cadre dominant reste celui d’une potentielle surchauffe de l’économie américaine, avec une inflation très au-dessus de l’objectif et un marché du travail déjà très tendu, obligeant la banque centrale à durcir fortement sa politique monétaire. Les marchés ont commencé à intégrer cet environnement via des anticipations de hausse des taux d’intérêt. Une résolution du conflit permettrait un rebond des actifs risqués, mais le contexte de forte inflation risque de fragiliser ce rebond sur la durée.
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Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/entre-nous-lettre-de-la-gestion-privee-q2-2022/
L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 31 mars 2022 et est susceptible de changer.
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