EssilorLuxottica : l’innovation au service de la vision
Le 15 novembre 2022, Lazard Frères Gestion recevait Paul du Saillant, Directeur général délégué d’EssilorLuxottica. L’occasion de revenir sur l’histoire de l’entreprise, sa stratégie et ses actuelles innovations.
Tout commence en 1849. Treize ouvriers lunetiers parisiens s’associent alors pour fonder la « Société des Lunetiers ». Abrégée « SL », l’entreprise joue sur les sonorités en prenant quelques années plus tard le nom d’« Essel », désormais préfixe d’EssilorLuxottica.
En près de 175 ans, la coopérative a bien grandi. Les treize lunetiers de 1849 ont laissé place à une multinationale de plus de 180 000 salariés, valorisée 75 milliards d’euros en bourse fin 2022. Au point de constituer la huitième plus grande capitalisation d’Euronext Paris.
Une histoire de fusions
Cette croissance, la société la doit en partie à ses nombreuses fusions et acquisitions. La fusion d’égal à égal entre Essilor et Luxottica en 2018 n’est ni la première, ni la dernière opération de « croissance externe » ayant marqué l’histoire du groupe. EssilorLuxottica a d’ailleurs déjà réalisé une nouvelle opération majeure en 2021 avec l’acquisition, pour 7 milliards d’euros, de GrandVision, réseau d’opticiens rassemblant 39 000 collaborateurs (Générale d’Optique, Grand Optical, Solaris…). Avant cela, rappelons qu’Essilor était elle-même issue de la fusion en 1972 d’Essel et de Silor, chacune pionnière en matière d’optique dans l’Hexagone. Sans parler de l’acquisition majeure de Ray-Ban par Luxottica en 1999. En parallèle de ces opérations stratégiques, l’ensemble du secteur de l’optique a connu une solide croissance depuis plus d’un siècle, portée par les tendances démographiques et les progrès de la médecine. Une situation toujours d’actualité : « De nos jours, 4,5 milliards de personnes dans le monde doivent corriger leur vision, parmi lesquelles 2,7 milliards ne le font pas », explique Paul du Saillant. Le potentiel de développement du secteur reste donc considérable. D’autant plus que selon le groupe, 50 % de la population souffrira de myopie en 2050 et 40 % de presbytie.
Nouvelles innovations
Face à cet enjeu, l’une des forces du groupe réside dans sa capacité d’innovation. Celle-ci est ancrée de longue date dans l’ADN de la société. Dès 1959, Essel avait mis au point les premiers verres progressifs de la marque Varilux. À la même époque, Silor (alors dénommée Lissac) avait développé les premiers verres correctifs en matière plastique. De nos jours, le département de recherche et développement de l’entreprise continue de travailler sur de nouvelles technologies, notamment avec la récente élaboration des verres « Stellest », permettant de réduire la dégradation de la myopie chez l’enfant. Dans un style plus futuriste, la société développe également des projets dans le « smart eyewear » pour créer des montures capables de prendre des photographies ou
d’afficher des messages dans le champ de vision de l’usager.
L’activité du groupe se trouve ainsi au carrefour du médical et de la technologie, ce qui en fait un groupe de « medtech ». « Trois quarts du groupe est medtech, un quart est dédié aux lunettes de soleil », souligne Paul du Saillant. La branche « lunettes de soleil » correspond aux activités de Luxottica, dont le portefeuille de marques comporte de prestigieuses signatures : Bulgari, Armani, Ray-Ban ou encore Dolce & Gabbana. À celles-ci s’ajoutent certaines marques distribuées par GrandVision. « Il était devenu évident qu’il fallait mettre les verres et les montures ensemble », résume Paul du Saillant, faisant ici allusion au bien-fondé des récentes opérations de fusion.
Un modèle « ouvert » atypique
Tout en étant désormais un groupe présent sur l’ensemble de la chaîne de valeur (verres, montures et réseau d’opticiens), EssilorLuxottica fonctionne selon un modèle ouvert en interaction constante avec ses concurrents. Ainsi, GrandVision ne distribue pas uniquement des montures Luxottica et des verres Essilor. De même, les montures Luxottica sont distribuées en dehors du réseau GrandVision et les verres Essilor peuvent être intégrés à des montures n’étant ni conçues par Luxottica, ni vendues par GrandVision. « Au sein de notre secteur, nous sommes le seul groupe mondial à la fois acteur du marché, client et fournisseur de ses concurrents » résume Paul du Saillant.
Pour EssilorLuxottica, le relai de croissance le plus important est désormais le développement de l’ensemble de son secteur, plus que le gain de nouvelles parts de marché.
Dernier aspect atypique du groupe : malgré leur fusion, Essilor et Luxottica conservent leurs spécificités. « Les deux identités de l’entreprise ne se sont pas effacées, chacune garde une certaine indépendance. C’est une bonne chose et cela est normal lorsque l’on considère tout l’historique qui existe de part et d’autre ». Paul du Saillant insiste néanmoins sur l’unité du groupe : « Désormais, Essilor et Luxottica n’existent pas l’une sans l’autre ». La brève crise de gouvernance survenue en 2019 fait donc bel et bien partie du passé.
Des résultats au rendez-vous
La stratégie du groupe s’est traduite, au cours des dernières années, par de solides résultats financiers. En 2021, EssilorLuxottica a réalisé un chiffre d’affaires pro forma consolidé record de 21,5 milliards d’euros, que le groupe espère voir croître à un rythme d’environ 5 % par an jusqu’en 2026. Le résultat net 2021 a quant à lui atteint 2,3 milliards d’euros, correspondant à une marge nette ajustée de plus de 10 %. Toutes les données tiennent compte de l’intégration de GrandVision. À titre de comparaison, avant les récentes opérations de fusion, Essilor avait enregistré en 2017 un chiffre d’affaires de 7,5 milliards d’euros pour un résultat net ajusté de 833 millions d’euros. Nul doute, donc, qu’EssilorLuxottica est désormais entrée dans une autre dimension.
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Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/patrimoine-lettre-de-la-gestion-privee-1er-trimestre-2023/
L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 18 janvier 2023 et est susceptible de changer.
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