À l’occasion de son Forum ESG du premier semestre 2025, Lazard Frères Gestion a eu le plaisir d’accueillir Benoit Bazin, Président-Directeur Général de Saint-Gobain. L’occasion de revenir sur la stratégie de l’entreprise, notamment en matière de développement durable, désormais lié aux enjeux de souveraineté énergétique.
Plus ancienne entreprise du CAC 40, Saint-Gobain trouve ses origines en 1665 avec la création de la « Manufacture Royale des Glaces » fondée par Colbert. L’entreprise a su traverser les époques et les bouleversements historiques tout en conservant sa place parmi les fleurons de l’industrie française.
360 ans après sa création, l’entreprise n’a pas abandonné ses activités initiales de vitrage (de nos jours : automobile et bâtiment) et s’est étendue avec succès sur de nombreux autres métiers, principalement liés à la conception, la production, la transformation et la distribution de matériaux de construction.
À l’occasion de son Forum ESG organisé en mai 2025, Lazard Frères Gestion a invité Benoit Bazin, PDG de Saint-Gobain depuis juin 2024, pour parler de ces sujets. Ingénieur polytechnicien, ancien élève des Ponts et Chaussées et du MIT, diplômé d’économie de l’IEP de Paris, Benoit Bazin a rejoint Saint-Gobain en 1999. Après avoir exercé des responsabilités stratégiques à la tête de différentes directions opérationnelles majeures en France et aux Etats-Unis, il a été nommé directeur financier du Groupe entre 2005 et 2009. Il est devenu Directeur Général Délégué de Saint-Gobain en 2019, puis Directeur Général en 2021 et Président-Directeur Général en 2024.
Répondre aux défis du développement durable dans toutes ses dimensions
« J’ai souhaité positionner Saint-Gobain comme leader mondial de la construction durable car il ne peut y avoir de performance économique et financière durable sans prise en compte des défis environnementaux et sociétaux » expliquait Benoit Bazin à l’occasion de cet événement. Une conviction en cohérence avec la raison d’être du groupe : « Making the world a better home ».
De fait, le secteur de la construction est aujourd’hui confronté à des défis majeurs, à la croisée des grands enjeux de notre temps. Un défi environnemental tout d’abord. « Les bâtiments représentent 40% des émissions de CO2 sur la planète : un tiers provient de leur construction et deux tiers de leur consommation énergétique. Aucun pays ne pourra tenir ses engagements en matière de neutralité carbone s’il ne traite pas ce sujet fondamental » rappelait M. Bazin. Un sujet étroitement lié à une autre problématique : celle de la souveraineté énergétique. « En traitant le sujet de la consommation des bâtiments, on peut réduire de manière considérable nos besoins en énergies ».
Le secteur fait également face à un défi social. « En Inde par exemple, seul 30% de la population vit actuellement dans les villes, mais ce sera 70% dans 20-30 ans. Il y a également le sujet du pouvoir d’achat, sujet bien connu en France, qui est fortement affecté par le coût du logement, conséquence directe de sa rareté », soulignait le directeur de Saint-Gobain. Deux problématiques qui, bien que différentes, débouchent sur une même conclusion : la nécessité de construire plus de logements, mais surtout construire mieux dans un espace urbain déjà dense.
Construction légère, innovation technologique et rénovation
Face à ces défis, Saint-Gobain propose plusieurs approches :
- La construction légère. En privilégiant certaines techniques du bâtiment, il est possible de diviser par plus de deux le poids des matériaux et donc le carbone embarqué dans les bâtiments.
- Un savoir-faire reconnu dans les matériaux, en accordant au recyclage de ces derniers et à l’économie circulaire une place centrale. « Nous avons également été les premiers au monde à faire du verre bas-carbone, et même du verre zéro-carbone », soulignait notamment le directeur du Groupe.
- Enfin, une expertise dans le domaine de la rénovation énergétique pour améliorer les performances des bâtiments anciens. « Les solutions Saint-Gobain permettent d’abaisser la consommation énergétique des bâtiments anciens jusqu’à 70%, avec un retour sur investissement de seulement 4 à 5 ans pour les propriétaires », mentionnait Benoit Bazin lors de son intervention.
Autre particularité : le groupe Saint-Gobain est organisé depuis 2019 autour de directions locales par pays. Une stratégie offrant « une proximité avec les clients et les canaux de vente locaux », tout en permettant de s’adapter aux besoins spécifiques de chaque marché et de chaque projet.
Parmi les exemples emblématiques de projets sur lesquels la société a travaillé se trouve le village olympique de Paris 2024, qui intégrait « 14 solutions Saint-Gobain ». L’entreprise a fourni des façades, sols et cloisons démontables ayant permis de transformer aisément l’éphémère village olympique en bureaux et appartements pour répondre aux besoins de l’Ile-de-France. Autre exemple : en Inde, Saint-Gobain est fière de mettre en avant ses solutions de vitres à teinte évolutive selon l’intensité du soleil, permettant de limiter de manière significative les besoins de climatisation.
Reste à relever le défi de créer à grande échelle des villes entièrement neutres en carbone. « Les solutions techniques existent déjà pour créer des maisons neutres voire négatives en rejets carbone. La difficulté est désormais plutôt de parvenir à coordonner l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’architecte aux banques qui financent ces projets, pour déployer ce type de solutions, et ceci sur des millions de chantiers » expliquait Benoit Bazin.
Une stratégie qui se reflète dans les résultats financiers
Les résultats financiers sont également au rendez-vous : « Tous nos objectifs stratégiques à horizon 2025 ont été atteints voire dépassés. Sur la période 2023-2024, Saint-Gobain a par ailleurs connu la meilleure performance du CAC 40 » rappelait Benoit Bazin. On notera que depuis le 31 décembre 2018, le cours de bourse de la société a globalement triplé pour passer de 30 à 90 euros en dépassant de nouveaux plus hauts historiques en début d’année 2025.
D’un point de vue comptable, la société a connu une progression de son chiffre d’affaires à 46,6 milliards d’euros en 2024 contre 41,8 milliards en 2018, mais surtout une amélioration de son résultat net par action, qui a doublé au cours des dernières années. Le dividende versé par le groupe est passé de 1,30 euro par action en 2018 à 2,20 euros en 2025.
« Et puis nous nous sommes encore plus internationalisés », précisait M. Bazin en conclusion de son intervention. « 60% de nos résultats venaient autrefois d’Europe de l’Ouest, mais nous avons multiplié par 3 les résultats de nos activités en Amérique du Nord, en Asie et dans les pays émergents qui représentent désormais les deux tiers des résultats du groupe. Nous avons également effectué plus d’une centaine d’acquisitions et cessions, ce qui s’est traduit par une forte rotation du périmètre depuis 2018. Nous envisageons de poursuivre ces mouvements de cessions-acquisitions qui s’avèrent très créateurs de valeur ».
Depuis cette intervention, Benoit Bazin a présenté le 6 octobre 2025 son nouveau plan stratégique, « Lead & Grow », élevant la trajectoire de croissance de Saint-Gobain pour les cinq années à venir.
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Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Les analyses et/ou descriptions contenues dans ce document ne sauraient être interprétées comme des conseils ou recommandations de la part de Lazard Frères Gestion SAS.
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Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/lettre-de-la-gestion-privee-2eme-trimestre-2025-2/
L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 23 octobre 2025 et est susceptible de changer.
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