Dans le cadre de ses actions de mécénat, Lazard Frères Gestion souhaite apporter son soutien aux artistes en conviant chaque mois des musiciennes et musiciens de renom à faire résonner leurs accords malgré le silence des salles de concert. Pour cette troisième vidéo, nous avons le plaisir de vous faire découvrir Célia Oneto Bensaid, pianiste française, qui a également accepté de répondre à nos questions.
1/ Pouvez-vous nous présenter votre parcours ? Comment vous est venue l’envie d’apprendre à jouer du piano ?
C’est mon papa, grand amateur de piano, qui s’est par la suite reconverti en professeur de piano, qui a souhaité partager son amour de cet instrument avec moi. De fil en aiguille, franchissant rapidement les étapes au conservatoire d’arrondissement à Paris, je me suis retrouvée en horaires aménagés au collège, avant de comprendre à 15 ans que le piano était ma raison de me lever le matin. À 18 ans, j’ai été admise au CNSM de Paris où j’ai obtenu mes prix de piano, musique de chambre, accompagnement au piano, direction de chant et accompagnement vocal.
Ma maman et ma sœur étant comédiennes, j’ai voulu faire comme elles, c’est-à-dire raconter des histoires, mais par un autre biais. J’ai un rapport assez passionnel à la musique et aux répertoires que j’aborde. En tant que pianiste, on a le choix du roi, alors j’essaie à la fois d’explorer les « grandes œuvres du répertoire » et des pièces moins jouées qui gagneraient à être plus connues. Je considère également qu’en tant qu’interprète, il est indispensable d’être connectée aux compositeurs et compositrices vivants et j’essaie d’explorer ces répertoires aussi contrastés que fascinants.
2/ Quel morceau avez-vous choisi de jouer dans cette vidéo ?
J’ai choisi de jouer « Desdemone », de la compositrice française Mel Bonis. Cette pièce est issue de son cycle des Femmes de Légende. L’intérêt d’une musique à programme a toujours beaucoup résonné en moi. Jouer en imaginant l’intrigue dramatique de cette femme qui épouse l’homme qu’elle aime contre l’avis de son père est très inspirant. Shakespeare est un auteur dont l’œuvre semble toujours contemporaine dans notre société, plus de 400 ans après sa mort.
Par ailleurs, je cherche depuis plusieurs années à intégrer dans mon répertoire des œuvres de compositrices qui sont injustement oubliées. L’histoire de chacune est singulière, mais on retrouve souvent le fait que de leurs vivants, leurs œuvres étaient jouées et appréciées, au point que ces compositrices étaient parfois de véritables stars avant de sombrer progressivement dans l’oubli après leur mort, pour rester aux yeux de l’histoire de simples pédagogues la plupart du temps. Mélanie Bonis a par exemple réduit son prénom en Mel pour que son travail de compositrice soit pris au sérieux…
3/ La fermeture des salles de concert a-t-elle changé beaucoup de choses pour vous ?
Ma vie, depuis un an, a beaucoup changé. J’ai beaucoup moins voyagé en restant davantage à la maison – original en confinement ! Je suis intermittente, ce qui me protège un peu financièrement, même si mes revenus ont parfois été divisés par quatre.
J’ai décidé d’en profiter pour explorer de nouveaux répertoires : les Goldberg, pour le côté Everest mythique de la musique, beaucoup de compositrices : Rita Strohl, Marie Jaëll, Louise Farrenc, et des pièces de Philip Glass.
J’ai pu également développer des projets discographiques : c’est l’une des rares choses qui nous restent. J’ai ainsi la perspective d’une sortie en mai prochain de mon prochain CD solo « Metamorphosis » chez NoMadMusic, dans un programme Maurice Ravel, Philip Glass et Camille Pépin qui me tient particulièrement à cœur. Je viens également d’enregistrer les 18 pièces d’après une lecture de Dante de Marie Jaëll pour le label Présence Compositrice, fraîchement créé, et qui devrait sortir fin 2021.
Le public me manque, comme à tous mes collègues. J’ai hâte de pouvoir retrouver la chaleur de la scène, les échanges avec les régisseurs des théâtres et les dîners d’euphorie post-concert. Je croise les doigts pour que le printemps nous ramène toutes ces occasions de partage !
Je tiens en tout cas à remercier très chaleureusement Lazard Frères Gestion et François-Marc Durand de m’avoir invitée à participer à cette série de vidéos qui permet de soutenir les artistes.
Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/interview-deloise-bella-kohn/
Crédit photo : Yves Petit