Partie 1 : quelle trajectoire après le pic de croissance ?
La croissance du PIB au T2 a atteint des niveaux parmi les plus élevés des cinquante dernières années. Ceci permet un rattrapage du niveau d’activité pré-Covid déjà effectif aux Etats-Unis, et en cours d’ici la fin d’année dans les autres économies développées (graphique 2). Les politiques monétaires et budgétaires ont en effet été massivement utilisées dans cette crise, permettant de préserver les bilans des agents économiques et de créer les conditions d’une reprise dynamique.
Toutefois, le niveau très élevé des enquêtes est difficilement tenable dans la durée. Ainsi, après avoir fortement surpris à la hausse, les publications économiques sont maintenant en-dessous des attentes.
L’impulsion fiscale s’annonce également très négative en 2022, notamment aux États-Unis. Pour autant, une bonne partie de ces mesures est liée à l’amélioration des stabilisateurs automatiques : la réduction du soutien n’a donc pas d’impact sur la croissance. Aux États-Unis, les démocrates avancent pour voter le budget demandé par la Maison Blanche, ce qui rendrait pérenne une partie non négligeable de l’augmentation de la dépense publique (graphique 3). De même, les décaissements du plan d’aide européen ont commencé et vont continuer de produire leurs effets. Les élections allemandes pourraient quant à elles déboucher sur un gouvernement davantage porté sur la dépense publique.
En Chine, la reprise économique a été rapide, mais le pic de croissance est dépassé et les statistiques décrivent un ralentissement au troisième trimestre, surtout dans les services. La normalisation de ces facteurs laisse espérer un rebond sur les prochains mois. La politique économique pourrait également devenir plus favorable à la croissance.
Partie 2 : tensions inflationnistes ?
Du fait de l’ampleur des mesures de soutien et de la reprise rapide, l’« output gap » (écart entre le niveau d’activité effectif et le niveau potentiel) est comblé beaucoup plus rapidement que dans les récessions récentes, laissant apparaître des tensions inflationnistes plus précoces.
Aux Etats-Unis, si certaines catégories de biens expliquent l’essentiel de la hausse de l’inflation (immobilier, voitures d’occasion, énergie), quasiment tous les segments de la consommation affichent des progressions de prix supérieures à leur moyenne historique (graphique 4). Ce constat macro-économique est confirmé au niveau microéconomique : les enquêtes sur les intentions des entreprises font état, elles aussi, d’une volonté d’augmenter les prix.
Dans la zone euro, l’accélération de l’inflation est moindre et doit beaucoup aux effets de base de l’année 2020. Les chiffres des derniers mois sont tout de même un peu plus forts que par le passé.
Partie 3 : tensions du marché du travail ?
Aux Etats-Unis, la reprise a permis une diminution rapide du taux de chômage, revenu à 5,2%, contre un point bas à 3,5% avant 2020. Les données de l’emploi comportent toutefois des signes contradictoires. Si l’on compte seulement 3 millions de chômeurs de plus qu’avant-crise, il est intéressant de noter qu’en l’absence de crise sanitaire, en suivant la tendance à l’œuvre de 2010 à 2019, l’économie américaine compterait environ 8 millions d’emplois de plus qu’actuellement (graphique 5). Faut-il en déduire que 5 millions de demandeurs d’emplois existent, tout en étant exclus des statistiques ? En réalité, le nombre de personnes non comptabilisées dans la population active, mais souhaitant un emploi, est supérieur d’à peine 1 million par rapport à fin 2019 (graphique 6).
Non seulement l’économie américaine compte peu de demandeurs d’emplois, mais l’offre de postes s’avère particulièrement dynamique (graphique 7). L’économie américaine dénombre ainsi 4 millions d’emplois à pourvoir de plus qu’en 2018-2019. L’appréciation du marché du travail par les ménages a également retrouvé le point haut de 2000 et les entreprises font état de difficultés de recrutement jamais vues en quarante ans. L’enquête JOLTS montre des niveaux historiquement hauts de démissions et un niveau historiquement bas de licenciements. Ces tensions se répercutent sur les salaires : sur les douze derniers mois, le salaire horaire a progressé à son rythme le plus élevé depuis le début des années 1980. L’explication la plus couramment avancée pour cette tension du marché du travail est la présence des dispositifs très généreux de bonification de l’indemnisation chômage. Ceux-ci arrivent désormais à échéance. Certaines personnes ont également pu retarder leur retour sur le marché du travail pour des raisons de gardes d’enfants, et la reprise de l’école devrait résoudre cette question.
En Europe, le taux de chômage se situe quant à lui seulement 0,2 point au-dessus de son précédent point bas si l’on exclut le point aberrant de mars 2020. Dans la plupart des pays, le nombre d’offres ouvertes atteint ou s’approche des plus hauts historiques.
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Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/perspectives-financieres-septembre-2021-marches-obligataires/
L’opinion exprimée ci-dessus est datée du mois de septembre 2021 et est susceptible de changer. Données les plus récentes à la date de publication.
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