Après un très bon premier trimestre, la croissance devrait avoir marqué le pas au printemps, sans pour autant représenter le début d’un ralentissement. Les statistiques connaissent des variations mensuelles importantes. Ainsi, la production industrielle a baissé de 1,3% en mai, après avoir progressé de 1,4% en avril. Après avoir baissé de 0,6% en mars, les ventes au détail ont progressé de 0,2% puis de 0,4% sur les deux mois suivants. Les indices PMI sont à peu près stables depuis le mois de février (autour de 53,0), un niveau cohérent avec une croissance de l’ordre de 1,5%. Les premières indications pour le mois de juillet montrent un impact sans doute limité du vote britannique sur l’activité du continent.
Le taux de chômage poursuit sa baisse pour atteindre 10,1%, son plus bas niveau depuis juin 2011. Il retrouve ainsi le niveau qui prévalait avant que la crise de la zone euro ne précipite à nouveau le continent dans la récession. Dans ce contexte, la confiance des consommateurs se maintient à un bon niveau et le vote britannique ne semble pas avoir un effet majeur, son niveau passant de -7,2 à -7,9 en juillet, soit un niveau toujours très supérieur à sa moyenne historique.
Les banques ont continué d’assouplir leurs conditions d’octroi de crédit au deuxième trimestre selon l’enquête de la Banque Centrale Européenne et décrivent une demande qui continue de progresser. Par ailleurs, les termes de ces crédits sont améliorés. Au final, sur les cinq premiers mois de l’année, près de 100 Mds EUR nets de nouveaux crédits ont été accordés au secteur privé contre 30 Mds EUR sur la même période en 2015.
Les élections espagnoles se sont soldées par un échec de la stratégie de Podemos, qui en s’alliant à d’autres partis d’extrême gauche, voulait passer devant le parti socialiste pour forcer celui-ci à rejoindre une coalition de gauche en tant que parti minoritaire.
Au final, Podemos conserve le même nombre de sièges, loin derrière le Parti Socialiste. Le Parti Populaire (PP) de Mariano Rajoy a par ailleurs renforcé son score, même si ce dernier reste inférieur à la majorité. Des négociations sont en cours pour trouver une solution, mais celle-ci se fera autour du PP. Le nouveau gouvernement devra négocier avec la commission européenne qui vient de lancer une procédure pour dépassement des objectifs de déficit contre le pays, ainsi que contre le Portugal. Ces deux pays risquent des amendes allant jusqu’à 0,2% du PIB.
La consommation américaine a continué de surprendre à la hausse. Les chiffres de consommation des mois d’avril et mai étaient déjà bons (+0,8% et +0,3%) et les ventes de détail sont encore en hausse de 0,5% sur le mois de juin. Seul le repli des ventes de voitures en juin modère le message, mais il est probable que la consommation ait au final progressé de plus de 4,0% en rythme annualisé au deuxième trimestre. Ceci devrait grandement contribuer à l’accélération de la croissance après les +1,1% du premier trimestre.
La tendance devrait rester favorable à en juger par l’évolution des indices ISM : pour le secteur manufacturier, les nouvelles commandes accélèrent et l’indice global atteint 53,2, son plus haut niveau depuis février 2015. L’indice non-manufacturier rebondit à 56,5 après la baisse de mai. L’investissement dans le secteur pétrolier, qui a beaucoup pesé sur la croissance économique, devrait se stabiliser à en juger par les données sur le nombre de puits de forages en activité. L’investissement résidentiel reste également bien orienté.
La publication du rapport sur l’emploi de juin a grandement rassuré. Après s’être approchées de zéro, les créations d’emplois ont violemment rebondi au mois de juin pour atteindre 265 000 dans le secteur privé, le niveau le plus fort depuis novembre dernier. Le rebond du taux de participation fait que le taux de chômage rebondit de 4,7% à 4,9%. Depuis lors, les inscriptions hebdomadaires au chômage se sont maintenues sur des niveaux très bas, signe d’un marché du travail très loin de signaler un ralentissement. Le salaire horaire affiche une progression de 2,6% sur douze mois, niveau atteint en décembre 2015 ; niveau également le plus fort depuis juillet 2009.
Si les marchés excluent une hausse des taux lors de la prochaine réunion de la Fed le 27 juillet, la probabilité d’une hausse d’ici la fin de l’année qui avait été réduite à rien après le référendum britannique est maintenant de l’ordre de 40%, notamment du fait de la publication de statistiques toujours solides sur l’activité aux États-Unis. Alors que le marché actions américain atteint de nouveaux sommets, une hausse des taux pourrait avoir lieu dès septembre si les prochains chiffres publiés restent aussi bons.
Défiant les attentes, le PIB japonais a nettement rebondi au premier trimestre, s’accroissant de 1,9% en rythme annualisé après s’être contracté de 1,1%. La consommation des ménages et celle des administrations publiques expliquent l’essentiel de la croissance, alors que l’investissement, résidentiel comme non résidentiel, était en baisse.
Si la consommation semble rester bien orientée, le deuxième trimestre devrait voir une évolution plus faible du PIB, notamment à cause d’une faiblesse de la production industrielle, en partie expliquée par un tremblement de terre dans le sud du pays à la mi-avril. La baisse de 2,6% en mai devrait laisser place à un rebond sur les deux mois suivants, selon les prévisions des entreprises.
La baisse du taux de chômage a ralenti, laissant celui-ci à 3,2%, le plus bas niveau depuis 1995, mais il est possible que le pays soit maintenant proche du taux de chômage frictionnel, car le nombre d’offres d’emplois par demandeur continue de progresser pour atteindre son plus haut niveau depuis 1991. Pour autant, les salaires tardent à accélérer. Si une accélération au mois de mars avait pu laisser un espoir, le repli de 0,2% sur douze mois du salaire moyen affiché pour le mois de mai constitue une déception.
À ceci s’ajoute la force du yen qui s’est approché de la parité de 100 JPY pour 1 USD, ce qui a déclenché de nombreuses déclarations officielles destinées à peser sur la parité. Conséquence de cette appréciation de la devise, l’inflation ralentit. Hors alimentation fraiche et énergie (mesure préférée de la BoJ), le glissement annuel des prix est passé de +1,3% en décembre à +0,8% en mai.
Dans ce contexte, nous pourrions observer dans les prochains mois une combinaison de nouvelles mesures de politique monétaire et budgétaire. Haruhiko Kuroda a en effet insisté sur la nécessité de rompre avec l’état d’esprit déflationniste et sur la possibilité d’agir sur les différentes dimensions de la politique monétaire. Suite à sa victoire aux élections législatives de début juillet, Shinzo Abe a indiqué que le gouvernement travaillerait sur un plan de relance et de nouvelles mesures à annoncer à la rentrée.
L’opinion exprimée ci-dessus est datée du mois de juillet 2016 et est susceptible de changer.
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