Question de la semaine
Lorsque l’on s’intéresse aux marchés financiers, il est fréquent d’entendre parler du « high yield ». L’expression signifie « haut rendement ». Pour comprendre exactement ce qu’elle désigne, il faut s’intéresser au fonctionnement des marchés obligataires, c’est-à-dire au marché des emprunts.
Les entreprises, comme les États, peuvent emprunter sur les marchés financiers. Leurs titres de dettes sont désignés sous le terme d’« obligations ». Une obligation se définit par un taux d’intérêt, par exemple 1% par an, ainsi qu’une échéance, par exemple 5 ans. Dans cet exemple, un investisseur qui souscrirait à cette obligation pour un montant de 100 euros recevrait un coupon annuel de 1 euro pendant 5 ans et, la dernière année, se verrait rembourser les 100 euros initialement investis.
Pour autant, il existe un risque que l’investisseur ne soit jamais remboursé si l’entreprise ou l’État qui a émis cette dette n’est finalement plus en mesure de l’honorer. C’est le « risque de défaut ». Toute personne qui investit sur les marchés obligataires est confrontée à ce risque, plus ou moins important selon les émetteurs.
Pour être en mesure d’apprécier ce risque, chaque entreprise ou État peut se voir attribuer une notation de la part d’agences spécialisées. Les emprunteurs les mieux notés peuvent ainsi se financer à des taux faibles, voire négatifs, du fait que les investisseurs y voient une certaine sécurité. On dit que ces emprunts sont de catégorie « investment grade » : peu risqués, mais peu rémunérateurs.
À l’inverse, les entreprises ou États classés en catégorie « high yield » ont pour caractéristique d’être moins bien notés, car leur risque de défaut est plus tangible. Leurs emprunts sont donc associés à des taux d’intérêt plus élevés pour compenser ce risque.
En somme, le marché obligataire est scindé en deux grandes catégories : « investment grade » pour les emprunteurs faiblement risqués, « high yield » pour les emprunteurs plus risqués. Ils sont associés aux notations suivantes :
« Investment grade » : AAA, AA+, AA, AA-, A+, A, A-, BBB+, BBB, BBB-
Exemples : État suisse, État français, Air Liquide, Sanofi…
« High yield » : BB+, BB, BB-, B+, B, B-, CCC+, CCC, CCC-, CC, C.
Exemples : Etat grec, Accor, Picard, Elis, Loxam, SFR…
On notera que sur longue période, le taux de défaut moyen (c’est-à-dire la moyenne des prêts partiellement ou entièrement non remboursés) au sein des emprunteurs high yield se situe entre 2% et 2,5% par an, soit un niveau qui reste relativement faible. Ce taux peut augmenter lors des périodes de crises : en mars 2021, le taux de défaut sur les 12 derniers mois (marqués par la crise sanitaire) est estimé à 4,9% par Moody’s. Ce chiffre représente toutefois un pic inhabituel dû au contexte de l’année 2020 : le taux de défaut est désormais attendu en baisse graduelle au cours des mois à venir pour rejoindre en fin d’année son niveau historique moyen.
Enfin, bien que le segment du « high yield » soit risqué, il est important de souligner qu’il recèle en permanence de nombreuses opportunités, en particulier dans le contexte actuel. La crise du Covid-19 s’est en effet traduite par une hausse globale des rendements offerts sur ce segment de marché, permettant de surcompenser le risque réel de défaut. Ce constat s’applique notamment aux entreprises qui ont le plus souffert de la crise, mais dont l’activité redémarre désormais nettement avec l’éloignement progressif de la crise sanitaire.
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L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 18 mars 2021 et est susceptible de changer.
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