ÉCONOMIE | Lettre de la Gestion Privée | 3ème trimestre 2024

Malgré des publications économiques mitigées, les marchés actions ont poursuivi leur progression au deuxième trimestre, notamment portés par l’engouement autour de l’intelligence artificielle. Dans le même temps, les rendements obligataires ont augmenté, les investisseurs réduisant leurs anticipations de baisse des taux directeurs des banques centrales. En France, la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale a précité le pays dans une crise politique inédite, pénalisant les actifs français.

SIGNAUX MITIGÉS SUR
LA CONJONCTURE MONDIALE

Alors que l’économie américaine montrait des signes de surchauffe en début d’année, les données du deuxième trimestre ont ravivé les espoirs d’un « soft landing ». En effet, l’inflation est repartie à la baisse et la croissance a retrouvé un rythme plus viable à long terme, sans que l’on observe pour autant un retournement du marché du travail. Bien que le ralentissement de l’économie reste graduel, les données mitigées du marché immobilier et de certaines enquêtes de confiance constituent des signes de faiblesse à surveiller aux États-Unis.
Dans la zone euro, l’activité économique a été meilleure que prévue : le PIB a renoué avec la croissance au premier trimestre et les enquêtes d’activité se sont améliorées au printemps. Cependant, la confiance des entreprises a fléchi en juin,
en raison notamment de l’augmentation de l’incertitude politique en France. L’inflation a poursuivi son ralentissement, mais les prix des services ont continué d’augmenter à un rythme élevé, dans un contexte de hausse toujours soutenue des salaires.
En Chine, l’économie n’a pas conservé son élan du premier trimestre, poussant les autorités à prendre de nouvelles mesures pour soutenir le secteur de l’immobilier.

L’IA EN SOUTIEN
DES MARCHÉS ACTIONS

Les marchés actions mondiaux ont poursuivi leur progression au deuxième trimestre, soutenus par les marchés américains et émergents. L’indice S&P 500 a augmenté de + 3,9 % et l’indice MSCI émergent de + 4,1 %. La thématique de l’intelligence artificielle s’est avérée particulièrement porteuse pour ces deux marchés : sans les sept géants de la technologie américaine, l’indice S&P 500 aurait baissé de 1,7 %. De même, les valeurs technologiques des pays émergents ont progressé de 11 % sur la période. En Europe, les incertitudes provoquées par l’annonce d’élections législatives anticipées en France ont pesé sur le marché français, et par ricochet sur les marchés actions européens. Le CAC 40 a baissé de 8,9 % et l’Euro Stoxx de
3,6 %. Au Japon, après une forte hausse depuis le début de l’année, l’indice Nikkei 225 a baissé de 1,9 %.

HAUSSE DES TAUX D’INTÉRÊT, TURBULENCES SUR LA DETTE FRANÇAISE

Les rendements des obligations du Trésor américain et de l’État allemand à 10 ans ont augmenté de 20 points de base, respectivement à 4,40 % et 2,50 %. Les investisseurs ont réduit leurs attentes en matière d’assouplissement monétaire, surtout aux États-Unis. Fin juin, les marchés ne prévoyaient plus que deux baisses de 25 points de base d’ici à la fin de l’année, contre trois à la fin du premier trimestre. Dans la zone euro, la BCE a réduit ses taux directeurs de 25 points de base, conformément aux attentes. Le taux de dépôt se situe désormais à 3,75 % et les marchés obligataires intègrent encore une à deux baisses supplémentaires de même ampleur d’ici à la fin de l’année.
En France, le taux à 10 ans du Trésor a augmenté de 49 points de base à 3,30 %, portant l’écart de taux à 80 points de base face à l’Allemagne, contre 50 points de base avant la dissolution de l’Assemblée nationale, un niveau record depuis 2012.

AFFAIBLISSEMENT DE L’EURO

L’euro est resté relativement stable par rapport à un panier composé des devises de ses principaux partenaires commerciaux. En réalité, cette stabilité masque une dépréciation face à la plupart des monnaies : – 0,1 % contre le renminbi (yuan), – 0,7 % face au dollar, – 0,9 % face à la livre sterling et – 1,1 % contre le franc suisse. Le yen s’est quant à lui déprécié de 5,2 %, ce qui diminue la performance des actifs japonais pour un investisseur européen non couvert du risque de change.

FRANCE : UNE CRISE POLITIQUE INÉDITE

 

Les élections législatives françaises ont débouché sur une situation politique bloquée, sans majorité absolue, ouvrant une période de négociation entre les différents groupes pour tenter de constituer un gouvernement. Si aucun gouvernement ne peut être formé sur une base politique, on peut imaginer la formation du gouvernement technocratique, mais cette configuration ne s’est jamais présentée en France. Dans ce contexte, le vote du budget 2025 pourrait s’avérer particulièrement délicat. D’autant que le budget devra être conforme aux règles européennes en vigueur. Pour ce faire, la France va devoir présenter à la Commission européenne, d’ici au 20 septembre, un plan contenant des mesures de réduction du déficit d’au moins 0,5 % par an pour que celui-ci revienne à 3,0 % du PIB, et que le niveau d’endettement retrouve une trajectoire baissière. Les marchés semblent pour l’instant se satisfaire du fait que les extrêmes n’obtiennent pas de majorité absolue, mais la volatilité pourrait remonter dans un scénario de blocage du processus budgétaire ou d’absence de réelles mesures d’économies.

Repères boursiers : 

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et s’apprécient à l’issue de la durée de placement recommandée.
Les données de cet article proviennent de Bloomberg et FactSet en date du 30 juin 2024.

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Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/economie-lettre-de-la-gestion-privee-2eme-trimestre-2024/

L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 24 juillet 2024 et est susceptible de changer.

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