ÉCONOMIE | Lettre de la Gestion Privée | 3ème trimestre 2025

Au lendemain du « Liberation Day » du 2 avril 2025, la chute du dollar, qui vient de boucler son pire semestre depuis 1973, n’était probablement pas sur la feuille de route de Stephen Miran, conseiller économique à la Maison Blanche, dont on sait qu’il n’a pas été étranger à la doctrine commerciale de la nouvelle administration américaine. Outre la faiblesse surprise du billet vert (qui a au moins pour mérite de rendre les exportations américaines plus compétitives), la volatilité sur le marché des bons du Trésor américain a traduit une certaine défiance des investisseurs à l’égard du premier emprunteur mondial. Cette défiance semble avoir précédé l’annonce par Scott Bessent, Secrétaire du Trésor, d’une trêve de 90 jours le 9 avril, seulement 7 jours après le début de cette nouvelle offensive commerciale.

Volte-face des marchés actions, poursuite de la baisse du dollar

Cet épisode de panique, aussi extrême que prompt à s’inverser, a laissé place à un rebond historique des actifs risqués internationaux.

Sur le trimestre, les marchés américains, emmenés par le S&P500 (+10,6% en devise locale) sont finalement parvenus à s’affranchir des plus hauts de début d’année. Cette performance doit être nuancée lorsqu’elle est translatée en euro (+1,5%), la devise unique s’adjugeant près de 13% depuis le début de l’année face au dollar. Les indices boursiers européens progressent (+3,5% pour l’Eurostoxx au second trimestre, +8% pour le DAX). Seul le CAC40, affecté par les déboires du secteur du luxe, ne parvient à maintenir son niveau (-1,6%) sur le trimestre. Les marchés émergents clôturent également un excellent trimestre boursier. Le marché du crédit, particulièrement résistant en avril, a continué de bénéficier des bonnes tendances de début d’année.

Pour autant, les conséquences économiques des droits de douane, au plus haut depuis l’entre-deux guerres, et les évènements géopolitiques adverses, ajoutent aux risques pesant sur une économie mondiale dont il ne faut pas oublier qu’elle semblait déjà, dès le début de l’année, se diriger vers un ralentissement global en 2025. La valorisation élevée des marchés actions, supérieure aux moyennes de long terme, notamment aux États-Unis, crée un risque pour les investisseurs en cas de scénario négatif.

L’emploi en première ligne aux Etats-Unis

L’envolée des importations par anticipation des hausses de droits de douane a d’abord provoqué une contraction mécanique du PIB américain au premier trimestre. Au cours des prochains mois, l’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane pourrait également se traduire par un bond notable de l’inflation. Ce risque s’ajoute au ralentissement de la consommation et du marché immobilier. La dégradation du marché de l’emploi, pour l’instant résilient, déterminera le basculement entre un simple ralentissement et une véritable contraction économique. Jusqu’à présent, les données n’ont pas incité la Fed à intervenir pour soutenir l’économie, comme l’appelle de ses vœux insistants le Président Donald Trump. Au moins a-t-il pu ratifier le 4 juillet son Big Beautiful Deal dont les implications en matière de déficit et d’endettement interrogent les vigies des marchés obligataires.

L’économie européenne résiste, la Chine échappe au pire

En zone euro, la croissance du PIB a été solide au premier trimestre (+0,6%). Les données de consommation sont restées bien orientées et le climat des affaires a plutôt bien résisté face aux incertitudes commerciales. En revanche, après leur bond momentané lié à l’anticipation des hausses de droits de douane, les exportations se sont repliées par contrecoup. Les prochains mois semblent incertains, faute d’avancées concrètes dans les pourparlers entre l’Union européenne et les États-Unis. Mais la normalisation de l’inflation autour de 2%, sans hausse notable du chômage, semble indiquer que l’économie européenne se dirige vers un cercle vertueux. La BCE dispose ainsi d’une certaine marge de manœuvre pour baisser ses taux en cas de détérioration inattendue de la conjoncture.

En Chine, la croissance du PIB s’est stabilisée au premier trimestre. La demande domestique, pénalisée par le ralentissement du marché immobilier, a repris son souffle grâce à des mesures de soutien temporaire des autorités. Les exportations vis-à-vis des États-Unis se sont effondrées, mais la demande du reste du monde a compensé une partie conséquente du manque à gagner. D’un point de vue commercial, le scénario du pire est évité, mais les défis persistants du marché immobilier et d’une demande domestique moins dynamique pourraient mettre en exergue la faiblesse d’un modèle encore très dépendant du commerce extérieur.

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures et s’apprécient à l’issue de la durée de placement recommandée.

Les données de cet article proviennent de Bloomberg en date du 31 mars 2025.

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Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/economie-lettre-de-la-gestion-privee-2eme-trimestre-2025/

L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 18 juillet 2025 et est susceptible de changer.

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