Depuis sa création, Lazard Frères Gestion accompagne ses clients privés dans leurs projets philanthropiques et de mécénat. En parallèle, ses équipes assurent la gestion du patrimoine de nombreuses fondations, associations et congrégations. Il s’agit donc d’élaborer ou de soutenir un projet, de mettre en face une stratégie d’investissement qui corresponde à ses objectifs et à ses contraintes.
Le but principal est souvent d’assurer dans la durée les revenus nécessaires à la bonne réalisation de l’objet de ces institutions. Réfléchir à l’allocation d’actifs et déterminer, notamment, la part à allouer aux actions est indispensable.
Les projets et les institutions de ce type ont vocation à s’inscrire dans le très long terme. Mais en pensant protéger le patrimoine initial, la tentation est souvent forte d’investir dans des placements de court ou moyen terme, par exemple des obligations, mais en y restant sur le long terme…
Pour illustrer les inconvénients d’une telle stratégie, il peut être intéressant d’observer deux exemples centenaires.
Au début du XXème siècle, la disparition des frères Goncourt et d’Alfred Nobel fut à l’origine de deux prix prestigieux. Les patrimoines laissés en héritage assuraient une dotation confortable aux lauréats successifs. En 1901, la somme attribuée aux cinq premiers Prix Nobel s’élevait au total à 15 000 couronnes suédoises soit approximativement 1 million d’euros aujourd’hui. Le Prix Goncourt, quant à lui, distribuait 65 000 francs-or soit approximativement 275 000 euros de 2015.
Un peu plus d’un siècle plus tard, la dotation du Prix Nobel s’élève toujours à environ 1 million d’euros alors que l’heureux vainqueur du Prix Goncourt n’est récompensé que de 10 euros.
Comment expliquer un tel écart ? À leur création le capital de chaque Prix était investi au travers de placements « sans risques », majoritairement des obligations d’État. Après la seconde guerre mondiale, la Fondation Nobel ne versait plus que 29% du montant du prix initial aux gagnants. Elle décida alors d’augmenter le « risque » des investissements en allouant une partie majoritaire de ses capitaux aux actions. Cette décision permit aux lauréats du Prix Nobel de retrouver le sourire quand les lauréats du Prix Goncourt criaient famine.
Fondations : l’écueil des placements « sans risques »
Dans un souci de préservation du capital, les fondations ont souvent recours aux placements obligataires d’Etat ou de haute qualité. Ces obligations ne sont pourtant pas des investissements sans risques. Sur le long terme, l’appréciation de cette classe d’actifs a du mal à pallier l’érosion du pouvoir d’achat du capital, conséquence de l’inflation. D’après l’Insee, il faut aujourd’hui 2,5 millions d’euros pour acheter un bien qui aurait coûté 1 000 euros en 1901. Pour conserver le pouvoir d’achat, il aurait fallu que le capital connaisse une croissance annualisée de 7%. Si de surcroît la fondation génère des frais de fonctionnement et verse un montant récurrent, la performance du capital doit également compenser ces dépenses annuelles. C’est ce qui explique que le capital du Prix Goncourt se soit totalement érodé aujourd’hui.
Fondations : l’opportunité d’un horizon de temps très long
La théorie financière et les performances passées, montrent que la performance des actions est supérieure à celle des autres classes d’actifs sur le long terme. Elles constituent le meilleur moyen de préserver et valoriser son capital dans la durée. Nous comprenons maintenant la décision de la Fondation Nobel d’investir majoritairement en actions. De 1975 à 2014, les actifs de la Fondation Nobel ont été multipliés par 21, de 170 millions de couronnes suédoises à 3,87 milliards soit une performance de 8,3% annualisée (3,9% corrigée de l’inflation). Dans le même temps, le montant du prix décerné est passé de 630 000 couronnes suédoises à 8 millions, soit une croissance annualisée de 6,7% (2,3% hors inflation)*.
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Une fondation a la particularité d’avoir un horizon de temps infini. Elle peut donc se permettre de supporter les variations de prix et profiter du taux de croissance long terme. Pour que les versements annuels ne subissent pas des variations de trop forte ampleur, ce qui pourrait impacter les divers projets financés, il convient de lisser les versements dans le temps : ne pas verser tout le capital accumulé lors des périodes de hausse pour faire face aux périodes plus compliquées.
Alors ? Prix Goncourt ou Prix Nobel ? A vous de répondre… Mais cet exemple démontre l’absolue nécessité d’avoir une réflexion approfondie sur la composition d’un patrimoine dans la durée.
* Source : www.nobelprize.org
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