Un peu d’histoire…
En 1808, Napoléon installe les Archives nationales dans le majestueux hôtel de Soubise, ancienne résidence princière dont les origines remontent au XIVe siècle, puis profondément remaniée par la famille de Rohan-Soubise au XVIIIe siècle. Au cours des XIXe et XXe siècles, l’institution s’étend progressivement aux demeures contiguës, notamment aux hôtels d’Assy et de Rohan ainsi qu’à leurs jardins, et fait bâtir de spectaculaires dépôts d’archives pour former ainsi un ensemble patrimonial unique appelé Quadrilatère des archives.
En 2019, le ministère de la Culture, dont le projet CAMUS vise à regrouper l’ensemble des services centraux sur trois sites dont celui du Quadrilatère des archives, et les Archives nationales s’engagent dans de vastes travaux, inédits par leur ampleur, destinés à préserver et valoriser auprès du public ce site patrimonial exceptionnel : restauration des façades des différents hôtels classés aux Monuments historiques, réfection des couvertures, rénovation des espaces de travail, création d’un nouvel espace muséal après l’installation des décors restaurés de la Chancellerie d’Orléans à l’hôtel de Rohan…
Grâce au mécénat de Lazard Frères Gestion, par l’intermédiaire de la Fondation pour la Sauvegarde de l’Art Français, c’est dans ce cadre que s’inscrit la restauration de deux éléments majeurs du Quadrilatère des archives : l’Armoire de fer, située dans les Grands dépôts, et le salon Oppenord à l’hôtel d’Assy.
Les Grands dépôts
Les Archives nationales conservent sur le site de Paris cinquante-quatre kilomètres linéaires de documents. Les documents les plus anciens sont conservés dans le dépôt Louis-Philippe, construit entre 1838 à 1848 par les architectes Dubois et Lelong, et dans le dépôt Napoléon III conçu par l’architecte Janniard et achevé en 1865. Le premier étage de ces magasins d’archives, dit aussi « Grands dépôts Napoléon III », a été classé au titre des monuments historiques le 15 mars 1993.
Restauration des éléments métalliques de l’Armoire de Fer
Pièce emblématique des Archives nationales, chef d’œuvre de l’ingénierie du XVIIIème siècle et comptant parmi les rares productions mobilières de la Révolution, l’Armoire de fer est un coffre-fort réalisé en 1790-1791 par le serrurier Koch, à la demande de l’Assemblée nationale constituante. Elle est constituée de deux gigantesques caissons métalliques enchâssés l’un dans l’autre dont les vantaux sont clos par trois serrures commandées par deux clefs. Le troisième portail, en bois, assure une harmonie avec l’environnement du dépôt Napoléon III.
Depuis 2017, la porte métallique centrale présente quelques signes d’altération, notamment au niveau des charnières. Ce phénomène est lié à son poids et à l’usure du temps. L’autre problème de ce coffre-fort historique de plusieurs tonnes se présente sur les clefs. En effet, la frise décorative présente sur l’une des clefs constitue un point de faiblesse à l’origine d’une torsion à cet endroit. Grâce au mécénat de Lazard Frères Gestion, par l’intermédiaire de la Fondation pour la Sauvegarde de l’Art Français, une opération de remise en état de l’Armoire de fer et de fabrication des nouvelles clefs a été entreprise en 2019. L’entreprise spécialisée en matière de serrurerie ancienne, l’Atelier d’œuvres de Forge, a été missionnée pour réaliser cette restauration délicate.
Les pathologies apparues sur l’armoire de fer au fil du temps
A) Frottement au niveau de la jonction des portes métalliques du coffre-fort qui empêche sa bonne ouverture et fermeture.
B) Nécessite le graissage des charnières.
C) L’entraxe de la serrure s’est dévissée et elle est restée bloquée dans une des clefs.
D) Deux petites clefs simples des vitrines intérieures sont manquantes.
E) Le verrou de la crémone de la porte en bois ne tient plus en position haute.
F) Les deux exemplaires des clefs de la 3ème porte sont tordus au niveau de la décoration. Cette fragilité peut, à terme, conduire à la casse ou au blocage définitif.
Le processus de restauration des clefs et des serrures anciennes, un travail d’artisan confirmé…
Cette restauration consiste notamment en la fabrication des nouvelles clefs après les opérations préparatoires réalisées sur les serrures de l’Armoire elle-même. L’objectif est de doter les Archives nationales de clefs en parfait état de fonctionnement et de permettre le maniement des portes de l’Armoire de fer en toute sécurité.
Les différentes étapes de reproduction de clefs anciennes
1) Relevé précis de toutes les faces complété par les photos et les empreintes pour fabriquer une sans épure.
2) La clef est faite en un seul morceau de métal. Le panneton et la tête sont façonnés à chaud à la main.
3) Façonnage de la tige décorative.
4) Perforations pour créer la tête.
5) Façonnage de la tête et sa tige d’encodage.
6) Façonnage du panneton et ses garnitures.
7) Après le limage et le polissage, la clef est prête à être ajustée à la lime fine sur place. Cette étape est cruciale et nécessite la plus grande précision.
Typologie et vocabulaire des clefs
Lazard Frères Gestion est engagé depuis plusieurs années auprès de la Fondation pour la Sauvegarde de l’Art Français dans son action pour la préservation du patrimoine.