Question de la semaine
Depuis quelques années, il est devenu courant d’entendre parler de taux négatifs. La plupart des pays de la zone euro peuvent par exemple se financer à taux négatifs. Les banques centrales peuvent elles-mêmes fixer des taux directeurs négatifs. Le taux de dépôt de la BCE est par exemple de -0,50% depuis 2019 et le taux directeur de la Banque nationale suisse (BNS) se situe à -0,75% depuis 2015. Cela signifie que l’emprunteur remboursera moins d’argent qu’il n’en a initialement emprunté. Ce paradoxe interpelle et nécessite des explications.
En ce qui concerne les taux négatifs des banques centrales, ceux-ci s’appliquent au sein du système bancaire et visent à inciter les banques à adopter des comportements spécifiques. En zone euro, le taux de dépôt négatif s’applique aux réserves obligatoires que les banques doivent déposer auprès de la BCE lorsque leurs clients déposent de l’argent sur leur compte en banque. Les banques sont ainsi pénalisées par ces taux négatifs lorsqu’elles laissent leurs clients accumuler d’importantes liquidités. Ceci les incite à aider leurs clients à investir leur épargne dans l’économie productive, participant de fait à la relance souhaitée par la BCE. De manière complémentaire, la BCE permet aux banques d’emprunter auprès d’elle à taux négatifs lorsqu’elles augmentent leur encours de crédit à la clientèle (plans de « TLTRO »). Ce mécanisme permet lui aussi de favoriser la relance économique, cette fois-ci via le crédit.
Sur les marchés obligataires, les taux négatifs peuvent apparaître pour d’autres raisons. Dans le cadre de leurs plans de « quantitative easing », les banques centrales rachètent de nombreux titres de dettes d’État, ce qui en fait monter le prix. Lorsque le prix d’une obligation devient plus élevé que la somme de ses rendements futurs, alors cette obligation présente un rendement négatif. Par exemple, une obligation d’échéance 3 ans, remboursée 100 euros avec des coupons de 1 euro par an, rapportera finalement 103 euros à son détenteur, mais son rendement réel sera négatif si cette obligation avait initialement été achetée 104 euros. Ce phénomène touche actuellement une part importante des emprunts d’État de la zone euro, qui s’échangent à taux négatifs sous l’action de la BCE.
Pour les investisseurs, acheter un titre à rendement négatif ne présente pas d’intérêt, mais cette considération n’entre pas en ligne de compte pour la BCE (qui ne cherche pas à faire de profits). De nombreux acteurs privés achetant ces titres le font également pour des raisons réglementaires (banques, assureurs), donc sans considération sur le rendement attendu de ces investissements. Ce système permet, in fine, de soulager la charge d’intérêts payée par les États sur leur dette publique.
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L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 14 juin 2021 et est susceptible de changer.
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