ÉCONOMIE | Lettre de la Gestion Privée | 1er trimestre 2023

Le ralentissement de l’inflation aux États-Unis et en Europe a soutenu les marchés actions au quatrième trimestre, amenant les investisseurs
à anticiper une inflexion des politiques monétaires. A contrario, les banquiers centraux ont annoncé une poursuite des hausses de taux et leur maintien à des niveaux élevés pendant une période prolongée. Les anticipations de marché se sont ajustées au discours plus dur de la BCE, mais pas à celui de la Fed, provoquant une tension des taux d’intérêt plus forte en Europe qu’aux États-Unis. La politique monétaire plus agressive de la BCE et la bonne résistance de l’économie européenne ont soutenu l’euro. Quelles sont désormais les perspectives pour l’économie et les marchés en 2023 ?

Ralentissement de l’inflation aux Etats-Unis et en Europe

Les chiffres de croissance du troisième trimestre montrent un ralentissement de l’activité dans les principaux pays européens, à l’exception de l’Allemagne. Le PIB s’est même contracté au Royaume-Uni. Dans la zone euro, la croissance a ralenti à + 1,3 % en rythme annualisé. A contrario, la croissance a rebondi à + 3,2 % en rythme annualisé aux États-Unis et a atteint + 3,9 % sur un an en Chine. Les statistiques du quatrième trimestre indiquent une poursuite du ralentissement économique dans la zone euro, mais à un rythme plus modéré qu’anticipé, le risque d’une crise énergétique dès cet hiver s’étant dissipé. Les signaux relatifs à la croissance américaine sont ambigus, tandis que la croissance chinoise marque le pas, les restrictions ayant été renforcées avant que la politique du zéro-Covid ne soit abandonnée en décembre. En Europe et aux États-Unis, le marché du travail reste très tendu avec des taux de chômage historiquement bas, respectivement de 6,5 % et 3,5 %. L’inflation se modère mais demeure élevée, se situant à + 9,2 % sur un an dans la zone euro et + 6,5 % sur un an aux États-Unis.

Forte hausse des marchés actions

L’apaisement des craintes de récession en Europe et la politique monétaire plus agressive de la BCE ont soutenu la monnaie européenne. Après avoir chuté sous la parité avec le dollar, l’euro a rebondi de + 9,2 % au quatrième trimestre pour s’établir à 1,07 dollar fin décembre.

Resserrement des politiques monétaires

Aux États-Unis, la Fed a augmenté son taux directeur de + 75 points de base en octobre et de + 50 points de base en décembre, le portant à 4,25 %-4,50 %. Les membres de la Fed anticipent désormais un taux directeur situé entre 5,00% et 5,25 % en fin d’année 2023. En Europe, la BCE a augmenté ses taux directeurs de + 75 points de base en novembre et de + 50 points de base en décembre, portant le taux de dépôt à 2,00 %. Le discours de décembre de Christine Lagarde était très ferme, promettant encore plusieurs hausses de taux significatives en 2023. Les anticipations de marché se sont ajustées au discours plus dur de la BCE, mais pas à celui de la Fed. Dans ce contexte, les taux longs se sont fortement tendus en Europe, le taux à 10 ans de l’État allemand passant de 2,11 % à 2,57 % au quatrième trimestre. Les taux longs américains sont quant à eux restés relativement stables, le taux à 10 ans du Trésor passant de 3,83 % à 3,87 %.

Perspectives économiques et financières : un environnement défavorable, mais des opportunités

Le passage du pic d’inflation ne signifie pas que le problème de l’inflation est résolu. Tant que les salaires ne ralentiront pas significativement, ou que les conditions d’un ralentissement de ceux-ci ne seront pas réunies, les banques centrales ne seront pas convaincues que la bataille contre l’inflation est
gagnée. Or, il est difficile de réduire significativement les tensions du marché du travail sans récession. Les banques centrales devraient donc maintenir ou renforcer le biais très restrictif à leur politique monétaire pour ralentir l’activité,
rendant très probable une récession dans les pays occidentaux à l’horizon d’un an. Cet environnement est défavorable pour la plupart des classes d’actifs. Toutefois, du fait de la hausse des taux et de l’écartement des spreads, les obligations offrent maintenant des niveaux de rendement attractifs. Sur le crédit, compte tenu du risque de hausse des taux et d’écartement supplémentaire des spreads*, un investissement progressif durant l’année à venir semble pertinent. Si l’on ne peut exclure des bonnes surprises sur les résultats d’entreprises des prochains mois, compte tenu de la bonne résistance de l’économie, les marchés actions nous semblent rester sous la menace d’un durcissement supplémentaire des conditions financières et d’une récession. Outre le fait que les points bas sont généralement atteints après l’entrée en récession, les niveaux de valorisation ne sont pas particulièrement bon marché. La patience reste de mise.

* Spreads : « écarts de taux » ou « surplus de rendement » qu’offrent les titres
obligataires en fonction de leur niveau de risque (par rapport aux emprunts
les moins risqués).

Repères boursiers :