ÉCONOMIE | Lettre de la Gestion Privée | 3ème trimestre 2023

Les publications économiques du deuxième trimestre ont montré un ralentissement de l’activité économique globale et une poursuite du reflux de l’inflation. Les marchés actions mondiaux ont été portés par l’idée que l’économie américaine pourrait éviter une récession et les taux d’intérêt sont remontés, les banquiers centraux tenant des discours plus restrictifs aux États-Unis et en Europe. La position toujours accommodante de la Banque du Japon a pesé sur le yen. Le chemin d’un « soft landing » de l’économie américaine nous semble cependant très étroit.

Ralentissement de l’activité économique et de l’inflation

L’économie américaine continue de ralentir progressivement, même si elle montre par endroits des signes de résistance. Les créations d’emplois sont sur une tendance à la décélération et les chiffres de consommation ne sont pas de bon augure pour la croissance. A contrario, le marché immobilier affi che un rebond inattendu. La faiblesse de l’offre de logement dans l’ancien amène un report de la demande vers le marché du neuf, ce qui soutient la construction. Dans la zone euro, après une récession technique en début d’année, les statistiques économiques ne vont pas dans le sens d’une réaccélération de l’activité. Les enquêtes de confiance se dégradent et la consommation des ménages est mal orientée. En Chine, la levée complète des restrictions sanitaires en décembre 2022 a permis un fort rebond de la croissance en début d’année, mais l’effet positif de la réouverture sur l’activité s’estompe et le marché de l’immobilier est toujours en diffi culté. L’inflation ralentit aux États-Unis et en Europe, mais le sujet est encore loin d’être résolu. L’inflation hors énergie et alimentation reste très au-dessus de l’objectif des banques centrales (+4,8% et +5,4% sur un an respectivement) et les tensions restent fortes sur le marché du travail, poussant les salaires à la hausse. A contrario, la Chine fait face à des pressions déflationnistes.

Hausse des marchés actions

Les marchés actions restent portés par la bonne tenue des résultats des entreprises et l’idée que l’économie américaine pourrait éviter une récession. Au deuxième trimestre, les marchés américains et japonais ont fait mieux que les marchés européens : le Topix en yen a augmenté de +14,2%, le S&P 500 en dollar de +8,3% et l’Euro Stoxx en euro de +0,9%. Les marchés américains ont reçu le soutien des mégacapitalisations technologiques et les marchés japonais ont bénéficié de la dépréciation du yen, alors que le régulateur japonais et les fonds activistes mènent une campagne en faveur d’une amélioration de la gouvernance des entreprises. Les mauvaises publications économiques ont pesé sur les
marchés européens.

Hausse des taux d’intérêt

Les bonnes surprises sur les publications économiques aux  États-Unis et les discours plus restrictifs de Jerome Powell et de Christine Lagarde ont amené les marchés à rehausser leurs anticipations de hausse des taux. Aux États-Unis, les marchés voient désormais un point haut sur les taux à 5,50% avec une
dernière hausse de +25 points de base en juillet. En Europe, le point haut sur les taux est attendu à 4,00% avec encore deux hausses de +25 points de base en juillet et septembre. Dans ce contexte, le taux à 10 ans du Trésor américain a augmenté de +37 points de base au deuxième trimestre et celui de l’État
allemand de +10 points de base, à respectivement 3,84% et 2,39%.

Forte appréciation de l’euro contre le yen

La parité euro-dollar est quasi stable au deuxième trimestre avec une hausse de +0,6% en faveur de l’euro. La monnaie européenne s’apprécie en revanche de +9,3 % contre le yen dans un contexte où la banque centrale japonaise maintient
un discours très accommodant, à rebours des autres grandes banques centrales. Pour un investisseur européen non couvert du risque de change, cela réduit d’autant la performance des marchés actions japonais.

Vers un atterrissage en douceur de l’économie américaine ?

La bonne résistance du marché du travail américain et le ralentissement concomitant de l’inflation continuent d’alimenter l’idée qu’un « soft landing » de l’économie américaine est possible. Autrement dit, que l’inflation va continuer à se résorber sans augmentation notable du taux de chômage et donc sans récession. Aujourd’hui, le rythme de hausse des salaires (+4,4 % sur un an en juin) n’est pas compatible avec l’objectif d’une infl ation à +2% et un ralentissement des salaires nécessite au préalable une diminution des tensions sur le marché du travail. Autrement dit, un rééquilibrage entre la demande de
travail (emplois vacants) et l’offre de travail (population active), la situation actuelle étant caractérisée par une demande trop forte. Un tel rééquilibrage peut il intervenir sans augmentation du taux de chômage ? Empiriquement, quand la demande de travail des entreprises diminue, le chômage augmente (« courbe de Beveridge »). La pandémie a toutefois pu affaiblir cette relation et la question fait débat parmi les économistes. De manière pragmatique, les indicateurs que nous surveillons en priorité pour anticiper les récessions (indicateur avancé du
Conference Board, inscriptions hebdomadaires au chômage, permis de construire et profits des entreprises) sont à des niveaux qui se rapprochent ou qui ont historiquement correspondu à des récessions. Le chemin du soft landing nous semble donc
très étroit.

Repères boursiers : 

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Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/economie-lettre-de-la-gestion-privee-2eme-trimestre-2023/

L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 20 juillet 2023 et est susceptible de changer.

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