ÉCONOMIE | Lettre de la Gestion Privée Q2 2021

Le régime de confinement continue de freiner la croissance en Europe, tandis que la reprise de l’économie américaine se poursuit dans un contexte de relance budgétaire et de levée progressive des restrictions sanitaires. L’amélioration des perspectives économiques soutient les marchés actions et se traduit par une pentification de la courbe des taux. Le fort rebond attendu de la demande fait craindre une poussée inflationniste, mais les banques centrales maintiennent des discours accommodants. Que doit-on attendre de l’inflation dans les prochains mois ?

Reprise à plusieurs vitesses

Après le fort rebond du troisième trimestre, la croissance mondiale a ralenti au quatrième trimestre. Dans la zone euro, le PIB a baissé de 2,6% en rythme annualisé (-4,9% sur un an) sous l’effet des restrictions sanitaires. L’impact du régime de confinement sur l’activité continue de se faire sentir au premier trimestre, principalement sur la consommation et les services. À l’inverse, l’activité dans le secteur manufacturier poursuit son accélération. Le taux de chômage est stable à 8,3%. Aux Etats-Unis, la croissance a ralenti à +4,3% en rythme annualisé (-2,4% sur un an). La météo a pesé sur l’activité en début d’année, mais les aides d’Etat envoyées aux ménages ont soutenu la consommation. Les créations d’emplois ont rebondi dans un contexte de reflux de l’épidémie et de levée progressive des restrictions sanitaires, permettant une baisse du taux de chômage à 6,0%. En Chine, la croissance a accéléré à +6,5% sur un an et les statistiques de janvier-février montrent une poursuite de la reprise. Les autorités ont annoncé viser une croissance supérieure à 6% cette année, un objectif très prudent au regard des prévisions du consensus (autour de 8,5%).

Poursuite de la hausse des marchés actions

Les marchés actions ont poursuivi leur progression, à la faveur des valeurs les plus exposées à un rebond de l’activité. La montée en puissance de la vaccination en Europe va permettre une levée des restrictions sanitaires qui pèsent sur la croissance et les Etats-Unis ont pris de nouvelles mesures de relance. Le Congrès américain a voté un plan de soutien de 1900 Mds USD et Joe Biden a présenté un plan d’investissement de 2200 Mds USD qui devrait s’étaler sur huit ans. Ce dernier serait en partie financé par la hausse de l’impôt sur les sociétés qui passerait de 21% à 28%. La forte reprise économique attendue fait craindre une poussée inflationniste, mais les banques centrales maintiennent des discours accommodants. Dividendes réinvestis, l’Eurostoxx en euros a progressé de +8,9%, le S&P 500 en dollars de +6,2%, le Topix en yen de +9,3% et l’indice MSCI en dollars des actions émergentes de +2,3%.

Forte tension des taux d’intérêt

L’amélioration des perspectives de croissance et d’inflation a entraîné une forte tension des taux d’intérêt américains, le taux à 10 ans du Trésor passant de 0,91% à 1,74%. La tension est plus modérée en Europe puisque le taux à 10 ans de l’Etat allemand est passé de -0,57% à -0,29%. Pour éviter un durcissement trop précoce des conditions de financement, la BCE a annoncé qu’elle allait augmenter de manière significative le rythme auquel elle investit l’enveloppe de 1850 milliards d’euros dédiée à son programme d’achats d’urgence contre la pandémie, tout en excluant un contrôle de la courbe des taux. La Fed a maintenu un discours accommodant. Les membres du comité de politique monétaire ne prévoient aucune remontée des taux avant la fin de 2023 et Jérôme Powell a indiqué qu’une réduction des achats d’actifs n’était pas à l’ordre du jour.

Inflation : d’abord une accélération mécanique

Après avoir passé plusieurs années à porter sur la déflation, les inquiétudes vont-elles désormais se porter sur l’inflation ? Le sujet occupe effectivement de plus en plus les esprits, la crainte étant que les banques centrales soient contraintes de durcir leur politique monétaire plus rapidement que prévu. Pour le moment, l’inflation reste modérée aux États-Unis et en Europe, à respectivement + 1,6 % et + 0,9 % sur un an hors énergie et alimentation, en mars. Les prochains mois devraient toutefois afficher des accélérations notables du fait des effets de base liés à la baisse des prix pendant les confinements en mars et avril 2020. Aux États-Unis, dès le mois d’avril, le déflateur de la consommation hors alimentation et énergie, la mesure privilégiée par la Fed, devrait passer au-dessus de 2,0 % et se maintenir à ce niveau-là au printemps. Dans la zone euro, le point bas des prix en 2020 a été atteint en septembre : les effets de base joueront à plein à ce moment-là. Ces effets sont bien anticipés par les banques centrales et sans doute par le marché. Ils pourraient néanmoins générer des commentaires alarmistes. À l’horizon de la fin d’année et du début 2022, ce seront davantage les effets des plans de relance et de la réouverture qui joueront. Généreront-ils une inflation plus forte et plus durable que ce que les banques centrales attendent ? La question reste ouverte.

 

 

 

 

L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 21 avril 2021 et est susceptible de changer.

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