Après un choc brutal au premier trimestre, l’amélioration de la situation sanitaire a permis une sortie progressive du confinement et un redémarrage de l’activité mondiale à partir du mois de mai. Avec la réouverture des économies et la multiplication des mesures de soutien, les actifs risqués ont enregistré un fort rebond au deuxième trimestre. Les taux d’intérêt n’ont pas accompagné le mouvement, les banques centrales poursuivant des politiques monétaires ultra-accommodantes, dans un contexte d’incertitudes toujours présentes sur le front de l’épidémie.
Le point bas économique est sans doute passé
La mise en place de mesures de confinement un peu partout sur la planète a entraîné une baisse brutale de l’activité mondiale au premier trimestre. Le PIB dans les pays du G20 s’est contracté de 3,4% en rythme non-annualisé, d’après les données de l’OCDE. Il s’agit de sa plus forte baisse depuis le début de la série en 1998. Le repli est plus fort en Chine (-9,8%) et dans la zone euro (-3,6%) qu’aux Etats-Unis (-1,3%) où les mesures de confinement ont été mises en place plus tardivement. Inversement, la levée progressive des mesures de confinement a permis d’enclencher un fort rebond de l’activité. Le PMI mondial a touché un point bas historique à 26,2 au mois d’avril avant de remonter progressivement sur les deux mois suivant pour atteindre 47,7 en juin, contre 52,1 avant la crise, avec une amélioration dans la plupart des pays. Aux Etats-Unis, les destructions d’emplois ont propulsé le taux de chômage à 14,7% en avril. Les créations d’emplois ont ensuite rebondi, permettant un reflux à 11,1% en juin. Dans la zone euro, les mécanismes de chômage partiel ont limité l’impact de la crise sur le marché du travail. Le taux de chômage est passé de 7,1% à son point bas de mars à 7,4% en mai.
Fort rebond des marchés actions
Après s’être effondrés au premier trimestre, les marchés actions ont fortement rebondi au deuxième trimestre, portés par la levée des mesures de restrictions en Europe et aux Etats-Unis, l’absence de redémarrage de l’épidémie dans les pays qui se sont déconfinés, le rebond de l’activité et les mesures de soutien monétaires et budgétaires annoncées par les pouvoirs publics et les banques centrales. Sur l’ensemble du deuxième trimestre et dividendes réinvestis, l’Eurostoxx en euros a rebondi de 17,6%, le S&P 500 en dollars de 20,5%, le Topix en yen de 11,2% et l’indice MSCI en dollars des actions émergentes de 18,1%. Avec la hausse des marchés et les révisions en forte baisse des prévisions de résultats, les multiples de valorisation se sont nettement tendus. Toutefois, les marchés sont désormais tournés vers les résultats de 2021 qui sont attendus en forte hausse.
Des banques centrales en soutien
Malgré le retour de l’appétit pour le risque, les taux d’intérêts de référence sont restés stables au deuxième trimestre, dans un contexte de politiques monétaires ultra-accommodantes. Le taux à 10 ans américain est passé de 0,67 à 0,66 et celui de l’Etat allemand de -0,47 à -0,45. La BCE a porté de 750 à 1350 Mds EUR le montant de ses achats d’actifs effectués dans le cadre de son programme PEPP (Pandemic Emergency Purchase Programme), lancé en mars, et allongé sa durée d’au moins six mois, jusqu’en juin 2021. De son côté, Jérôme Powell a indiqué que la Fed n’envisageait pas de remonter ses taux avant 2022. Les annonces des banques centrales et le redémarrage de l’économie ont permis un fort resserrement des marges de crédit des émetteurs privés et des pays périphériques dans la zone euro, ces derniers bénéficiant de surcroit du potentiel plan de relance de la Commission européenne dont ils seraient les principaux récipiendaires.
Appréciation de l’euro
Le retour de l’appétit pour le risque a favorisé une appréciation de l’euro de 1,8% vis-à-vis du dollar et de 2,2% vis-à-vis du yen, deux devises bénéficiant d’un statut de valeur refuge. L’essentiel du mouvement s’est fait à partir de fin mai.
Des incertitudes toujours présentes sur le front de l’épidémie
Six mois après le début de l’épidémie de coronavirus, force est de constater que la COVID-19 reste une maladie très mal connue. Nombre de questions demeurent non résolues : quelle est la part de la population immunisée ? Le virus est-il saisonnier ? Pourquoi existe-t-il de telles disparités entre pays ? L’absence de réponse claire à ces questions implique sans doute de se concentrer sur le comportement factuel de l’épidémie plutôt que d’essayer d’extrapoler sa trajectoire. En Europe, les nouvelles restent très favorables. Des nouveaux foyers apparaissent ici et là mais aucun signe majeur de reprise de l’épidémie n’est visible dans les grands pays. Une deuxième vague ne peut pas être totalement écartée mais les gouvernements sont désormais mieux préparés qu’ils ne l’étaient auparavant et les comportements de la population ont évolué, limitant le risque d’un reconfinement total. Si l’épidémie n’est pas encore totalement contrôlée dans plusieurs pays émergents tels que le Brésil ou l’Inde, les Etats-Unis restent la principale source d’inquiétude. Le nombre de nouveaux cas y connait un fort rebond depuis la mi-juin, surtout dans le sud et l’ouest du pays qui avaient été relativement épargnés. En conséquence, de nombreux de Etats ont interrompu leur processus de déconfinement ou fait marche arrière en réintroduisant des mesures restrictives. Celles-ci ne remettent pas en cause la reprise, étant ciblées, mais le retour à la normale pourrait prendre plus de temps.
L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 15 juillet 2020 et est susceptible de changer.
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