Investir, c’est faire du temps son allié
« Le temps ! Elément si important dans toutes les choses de ce monde. »
Jean-Baptiste Say, 1814.
Il n’est pas toujours facile de décrypter les cours de bourse, tant les facteurs qui les influencent sont nombreux. Les marchés actions sont par conséquent volatils, et cette volatilité peut effrayer les investisseurs, au point de les paralyser. L’année boursière 2020 en a été la parfaite illustration. Entre la mi-février et la mi-mars, le CAC 40 a perdu près de 39%, avant de regagner plus de 50% de la mi-mars à fin décembre. Rares sont les investisseurs qui ont su naviguer dans ces eaux tumultueuses en maîtrisant ces deux courants inverses. A plus d’un titre, ces mouvements sidérants ont pu paraître exagérés, voire incompréhensibles.
La situation devient plus intelligible dès lors que l’on prend du recul, et que l’on séquence l’horizon temporel des marchés financiers en trois dimensions :
- Les grandes tendances de long terme (10 ans et plus) ont normalement la particularité de donner raison aux optimistes. Elles s’accompagnent d’un développement économique et social (croissance, gains de productivité) en profitant notamment des progrès scientifiques et technologiques qui jalonnent chaque décennie. Ainsi, les actifs tendent à s’apprécier en fonction de l’évolution du PIB nominal.
- Le cycle conjoncturel (3 à 8 ans), plus contrasté, est impacté par de multiples facteurs, à commencer par les politiques économiques (monétaires et budgétaires), les comportements d’épargne, les flux d’investissement ou l’évolution de l’endettement. Les cycles conjoncturels génèrent des phases d’expansion et de contraction, aussi bien sur les marchés actions que sur le marché de l’emploi.
- Enfin, le court terme, allant de quelques jours à quelques mois, se caractérise par des fluctuations liées à l’actualité économique, politique, sociale ou géopolitique. Ces phénomènes peuvent rendre l’investisseur versatile, car il est facile de succomber au pessimisme quand les sujets d’actualités sont négatifs.
Ces trois échelles de temps ont chacune un impact différent sur les prix des actifs. Les tendances séculaires tendent à avoir un effet persistant en exerçant discrètement une force de rappel liée aux progrès de nos sociétés. Le cycle conjoncturel génère quant à lui de larges fluctuations autour de cette tendance de long terme. Enfin, le court terme conduit à des phénomènes d’exagération en provoquant ponctuellement des épisodes de fort appétit ou de fort rejet vis-à-vis du risque lors des points hauts et bas du cycle.
Bien que chaque investisseur soit différent, tout comportement obéit schématiquement à une dialectique de « fear and greed » (panique et cupidité) dans un espace-temps qui peut s’allonger ou se raccourcir en fonction de l’interprétation des actualités. La tendance naturelle des investisseurs est de surestimer les girations de court terme, oubliant ce faisant l’importance des tendances de long terme. Cette dimension est pourtant essentielle, car si personne ne peut prédire l’avenir avec exactitude, se projeter à long terme permet de rendre ce futur moins surprenant. De fait, la confusion vient souvent d’une trop grande prise en compte des détails et de l’immédiateté.
Cette approche du temps conduit à imaginer des scénarii futurs, à identifier les facteurs-clés dont dépendra leur déroulement, pour être en mesure d’anticiper et de quantifier les évolutions les plus probables. Bien évidemment, cette approche ne saurait rester statique. Elle doit être adaptative. Cela signifie qu’il faut en permanence mettre à jour cette analyse, en gardant en tête qu’il ne faut l’amender que si une évidence, et non pas une émotion, l’exige.
C’est pour cela qu’il est primordial, pour tout investisseur, de bien calibrer et respecter son horizon d’investissement. La volatilité n’est adverse que pour l’investisseur qui ignore le cap qu’il cherche à suivre et le temps dont il dispose pour atteindre son but. A l’inverse, lorsque cette vision est clairement définie, la volatilité devient une opportunité qu’il est alors possible d’exploiter.
L’investissement requiert en somme de la méthode pour appréhender avec succès la gestion du temps. Faire face avec sérénité aux cycles économiques et à leurs fluctuations constitue une exigence fondamentale pour de bons investissements.
L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 21 avril 2021 et est susceptible de changer.
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