États-Unis : la croissance résistera-t-elle à une impulsion de crédit très négative ?

Graphique de la semaine

La notion d’impulsion de crédit a été développée au moment de la grande crise financière par Michael Biggs, à l’époque économiste chez Deutsche Bank. L’idée sous-jacente en est que lorsqu’on cherche à relier le crédit à la croissance, il faut bien avoir à l’esprit que le crédit est un stock alors que le PIB est un flux. Dès lors, pour avoir des données comparables à la croissance, il faut regarder la dérivée seconde du crédit. Autrement dit, il faut comparer l’accélération du crédit à la croissance (quant à elle dérivée première du PIB).

Dans le graphique ci-dessous, nous mesurons cette impulsion de crédit à partir des données du « flow of funds » publié chaque trimestre par la Réserve Fédérale. Cette publication présente une évolution agrégée des bilans des grands secteurs de l’économie. Cette mesure se concentre sur le secteur privé, les ménages et les entreprises.

NOTRE ANALYSE

Comme le montre le graphique ci-dessus, si la corrélation n’est pas parfaite, il apparaît clairement que les périodes de forte décélération du crédit ont généralement correspondu à des récessions. La période du COVID a perturbé la relation, mais a-t-elle pour autant affranchi la croissance de l’impulsion de crédit ?

Nous avons estimé l’évolution du crédit au deuxième trimestre sur la base des données hebdomadaires de crédit bancaire et des données sur les émissions d’obligations de la SIFMA. Ces données montrent une légère contraction du stock de prêts bancaires et des émissions en ligne avec les trimestres précédents. Ces données confirment la très forte décélération du crédit et si le crédit ne réaccélère pas fortement sur les prochains mois, l’impulsion va devenir de plus en plus négative.

Il est à noter que cette dynamique est également à l’œuvre en Europe. Ce brutal ralentissement du crédit va-t-il laisser les économies indemnes ? Les prochains mois le diront.

Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/zone-euro-pas-de-rebond-de-la-consommation/

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L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 21 juillet 2023 et est susceptible de changer.

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