Femmes entrepreneurs : nouveau territoire à explorer pour les banques privées ?

L’égalité homme-femme dans la gestion de patrimoine au sein des couples est relativement récente. Il a fallu attendre 1965 pour que les femmes n’aient plus à obtenir l’autorisation de leur mari pour ouvrir un compte en banque et gérer de façon autonome leurs biens propres. Ce temps est heureusement révolu ! Explications de Sophie de Nadaillac, associée-gérante de Lazard Frères gestion.

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Les divergences constatées reflètent-elles les expériences de vos clientes ?

En gestion de fortune, la proportion de femmes parmi les clients est encore relativement faible. Rien de très étonnant quand on constate le poids des femmes parmi les entrepreneurs. Aujourd’hui encore, seules 30 % des entreprises sont créées par des femmes, qui gèrent en moyenne des entreprises de plus petite taille. On retrouve d’ailleurs cette dominance des hommes dans les métiers de la finance, notamment chez les banquiers privés et les gestionnaires de portefeuilles ! Et de manière générale, les femmes restent plus discrètes sur leur relation avec leur banque et font preuve de plus de retenue sur les sujets liés à l’argent. Pour autant, les évolutions culturelles les poussent de plus en plus, notamment les femmes entrepreneurs, à s’occuper personnellement de la gestion de leur patrimoine.

compH_FQuelles sont les attentes des femmes entrepreneurs en matière de gestion de fortune ?

Comme elles doivent déjà gérer de front leur entreprise, leur vie familiale et souvent l’organisation de la maison, elles apprécient de pouvoir déléguer la gestion de leurs actifs à des personnes compétentes, disponibles et stables dans le temps, qui soient véritablement au service de la performance et de la transmission de leur patrimoine. Elles sont par ailleurs moins victimes d’excès de confiance en soi, qui pousse souvent les hommes à prendre trop de risque et investir ou faire des placements dans des entreprises qu’ils ne connaissent pas. Lorsqu’elles ne comprennent pas quelque chose, elles hésitent moins à le reconnaître et à poser des questions. Mais comme les hommes, leur objectif premier est d’établir une relation de long terme avec leur banque, multigénérationnelle, fondée sur la confiance mutuelle. Et cela passe forcément par la mise en œuvre de solutions d’investissement qui résultent d’une compréhension de leur situation spécifique, d’une analyse stratégique de leur fortune et de la prise en compte de leur comportement d’investisseur. Et elles aussi recherchent la tranquillité d’esprit, nécessaire au succès de leurs projets : le premier luxe que doit apporter la fortune, c’est de ne pas avoir à s’en soucier !

L’offre de gestion de patrimoine pour les femmes doit-elle être incarnée par des femmes ?

Pas nécessairement. Quand il s’agit de confier son patrimoine ou ses projets personnels et professionnels à un banquier, la qualité de son interlocuteur, le contact humain, la confiance qui peut lui être accordée, sa disponibilité, son expérience et sa réactivité sont des critères bien plus déterminants que le genre de son conseiller. D’où l’importance de la stabilité des équipes.

Alors, faut-il proposer une offre spécifique pour les femmes ?

Certains élaborent une offre d’investissement propre aux femmes. Cela ressemble plus à un « bon coup marketing » qu’à une réponse à un besoin réel, car la finance, la fiscalité et le contexte juridique sont identiques pour les hommes et les femmes. Mais compte tenu de leur manière différente d’appréhender ces sujets et d’en parler, il est toutefois bon de penser spécifiquement à elles. Et c’est finalement sans doute en organisant des événements qui leur sont réservés que l’on répond au mieux à leurs attentes… Petits déjeuners ou soirées thématiques, formations à la fiscalité, à l’immobilier ou à l’art, réflexions sur la place des femmes dans les conseils d’administration, etc. Autant d’occasions pour la femme entrepreneur d’enrichir ses compétences mais aussi de « réseauter », au féminin bien sûr !

 

 

Cette interview est reprise en partie dans le magazine Croissance Plus (numéro de février 2016)

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Sophie de Nadaillac

Associé-Gérant, Responsable du développement gestion privée