Gestion privée : quand l’entrepreneur devient investisseur

Par François de Saint-Pierre & Sophie de Nadaillac, Associés-Gérants, Lazard Frères Gestion

La communication des banques privées semble parfois exclusivement orientée vers les entrepreneurs, pourquoi ?

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François de Saint-Pierre

FSP : Comme Jean-Baptiste Say et d’autres économistes l’ont bien démontré, depuis plus de 2 siècles, la création de richesse collective est un phénomène micro-économique qui naît et se développe exclusivement au sein de l’entreprise. Ce phénomène doit générer une création de valeur importante pour l’entrepreneur. Au moins une fois dans sa vie, ce dernier verra l’occasion ou la nécessité de transformer tout ou partie de cette valeur professionnelle en patrimoine privé. Quitte à par la suite repartir dans une nouvelle entreprise.

Quelle forme va prendre cet accompagnement ?

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Sophie de Nadaillac

SN : L’environnement juridique et fiscal- complexe et instable – exige des réflexions et une évolution de l’organisation. Mais le changement va bien au-delà de l’organisation patrimoniale et mérite préparation : un entrepreneur est investi à 100 % en actions, il n’est pas diversifié et il n’est pas liquide jusqu’à la cession partielle ou totale. Du point de vue de l’investisseur professionnel, son risque est maximum, mais il l’a choisi et piloté tout au long du développement de son entreprise. Cette prise de risque – associée au talent – permet une création de valeur.

Et comment cela évolue-t-il après la cession ?

SN : Ce qui est rationnel pour maximiser la valeur quand on est entrepreneur et qu’on pilote les décisions ne l’est plus toujours par la suite. La reconnaissance du succès et sa monétisation ne doivent pas conduire à un excès de confiance en soi qui inspirerait des décisions destructrices de valeur !

Comment est-ce possible ?

FSP : Il y a notamment deux écueils à éviter. Le premier c’est d’imaginer que la séquence post cession puisse être aussi créatrice de valeur que celle qui l’a précédée. Attention à certains miroirs aux alouettes : mettre de la dette sur des actifs inappropriés, quêter sans cesse des actifs « originaux » ou, rester exclusivement dans son champ de connaissance en réinvestissant de façon concentrée mais sans avoir le pilotage. Le deuxième écueil est celui de l’aversion totale au « risque » ou à ce qui est supposé en porter, et donc le refus d’investir, ou investir dans des actifs si peu rentables que la croissance, l’inflation et la fiscalité réunies vont les croquer très significativement sur longue période. La projection d’un patrimoine financier doit se faire sur plusieurs  décennies et ce n’est pas facile.

Quelle est la bonne voie ?

SN : Profiter de « l’événement de liquidité » pour définir une allocation stratégique qui permette une bonne distribution du patrimoine : actifs financiers, immobiliers ou professionnels etc. Distinguer les actifs « sérieux », à vocation financière, des actifs « passions » : philanthropie, collections … Et surtout, bien planifier ses flux de trésorerie futurs. L’entrepreneur se caractérise par son esprit d’initiative et son énergie ; il faut qu’ils continuent à s’employer. Notre ambition est d’apporter à l’entrepreneur la tranquillité d’esprit nécessaire au succès de ses projets futurs. Ce qui ne peut se faire que dans un environnement de moindre risque et en sachant déléguer ; bref, en confiance. Et il ne faut pas attendre la cession pour décider qui la mérite.

Cette interview est reprise en partie dans le magazine Croissance Plus (numéro de juillet 2015).

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