Point conjoncturel – novembre 2017

 

L’échec des négociations entre les conservateurs d’Angela Merkel, les libéraux et les Verts pour former un gouvernement de coalition en Allemagne, un mois après les élections législatives de septembre, a replacé l’incertitude politique dans la zone euro sur le devant de la scène. A ce stade, tous les scénarios restent ouverts.

Premièrement, les pourparlers entre les conservateurs, les libéraux et les Verts pourraient reprendre. En effet, il n’est pas impossible que le retrait des discussions de Christian Lindner, le leader des libéraux, soit une tactique de négociation visant à obtenir davantage de concessions de la part des autres partis sur des thèmes qui divisent, comme l’immigration, la transition énergétique ou l’Europe.

Le deuxième scénario est celui d’une grande coalition entre les conservateurs (CDU/CSU) et les sociaux-démocrates (SPD) de Martin Schultz qui permettrait aussi de former un gouvernement de majorité. La direction du parti avait fait part de son intention de rejoindre l’opposition avant d’indiquer qu’elle était finalement ouverte aux discussions.

Une autre option possible est celle d’un gouvernement de minorité toléré par le SPD, avec une alliance entre la CDU/CSU et les Verts ou les libéraux. Toutefois, cette option n’est pas celle qui est privilégiée par Angela Merkel du fait de son caractère instable par définition.

Enfin, le président allemand pourrait convoquer de nouvelles élections, au risque que celles-ci ne bénéficient à l’extrême droite qui avait réalisé un bon score en septembre. Débuterait alors un long processus qui pourrait reconduire l’Allemagne aux urnes vers le printemps 2018.

Si l’incertitude politique en Allemagne est importante, elle intervient dans un contexte économique favorable qui n’est à ce stade pas remis en cause. La croissance allemande au troisième trimestre est restée robuste (+3,3% en rythme annualisé) et les enquêtes PMI montrent que le climat des affaires reste bien orienté en novembre, laissant attendre une poursuite de cette tendance au quatrième trimestre. La bonne performance économique de l’Allemagne devrait ainsi rester un facteur de soutien à la croissance dans la zone euro (+2,5% en rythme annualisé au troisième trimestre).

 

 

 

 

 

Après un mois de septembre marqué par les conséquences des ouragans Harvey et Irma, les créations d’emplois aux Etats-Unis ont rebondi en octobre. Elles sont ressorties en dessous des attentes du consensus (+261 000 contre +313 000 attendu) mais cette déception a été compensée par une révision en hausse des créations d’emplois en septembre (de -33 000 à +18 000).

En revanche, le salaire horaire a déçu, faisant du surplace en octobre, après une forte hausse en septembre (+0,5% sur le mois). Cela ramène la progression sur un an à +2,4% contre +2,8% le mois précédent, alors que la tendance était à l’accélération depuis l’été.

Le taux de chômage, qui n’avait pas été affecté par les ouragans du fait d’une méthodologie de calcul différente de celle des créations d’emplois, a continué de baisser pour atteindre un nouveau point bas dans ce cycle (4,1% en octobre contre 4,2% en septembre), en raison d’une diminution du taux de participation sur le mois.

Au final, le rapport sur l’emploi en octobre décrit une poursuite de la tension du marché du travail américain qui devrait rassurer les membres de la Fed sur la faiblesse des salaires. Les minutes de la dernière réunion ont d’ailleurs montré que la plupart d’entre eux sont favorables à une nouvelle hausse des taux lors de la prochaine réunion les 12 et 13 décembre, un mouvement anticipé avec une quasi-certitude par les marchés financiers.

D’autant que le chiffre d’inflation d’octobre (+1,8% sur un an hors énergie et alimentation) confirme la stabilisation des derniers mois, après un ralentissement au premier semestre. Les statistiques d’activité n’envoient pas non plus de signaux négatifs. La production industrielle décrit même une amélioration de l’activité manufacturière en octobre.

Sur le front de la réforme fiscale, les commissions des Finances de la Chambre des représentants et du Sénat ont publié leurs projets respectifs mais ceux-ci divergent sur plusieurs points, notamment le calendrier de la baisse de l’impôt sur les sociétés (de 35% à 20%) que les sénateurs veulent reporter d’un an à 2019.

Le projet de réforme a été adopté par la Chambre des représentants le 16 novembre et les regards se tournent désormais vers le Sénat, où un vote est prévu pour fin novembre début décembre. Le vote des sénateurs s’annonce plus délicat que celui des députés, les républicains ne disposant que d’une très courte majorité de deux sièges. Si le projet est voté par le Sénat, il faudra ensuite réconcilier les deux projets.

 

 

 

A l’issue de sa réunion se terminant le 1er novembre, la banque centrale d’Angleterre (BOE) a augmenté son taux directeur de 25 points de base à 0,50%, la première hausse des taux depuis 2007. Le taux directeur revient ainsi sur le niveau qui prévalait entre 2009 et 2016, avant la baisse décidée en juillet 2016 suite au vote en faveur du Brexit. La banque centrale a laissé la porte ouverte à davantage de hausses de taux, tout en indiquant que le resserrement de la politique monétaire ne devrait être que graduel.

Cette décision de la BOE vise à ramener l’inflation britannique vers sa cible de 2%. L’inflation a nettement accéléré depuis le vote en faveur du Brexit (+3,0% sur un an en octobre 2017), les entreprises ayant répercuté sur le consommateur l’augmentation du prix de leurs importations suite à la dépréciation du sterling.

Les membres du Comité de politique monétaire anticipent une dissipation progressive de l’effet de la dépréciation de la devise sur l’inflation mais ils estiment que la tension du marché du travail devrait conduire à un renforcement des pressions salariales. En effet, le taux de chômage a atteint en septembre un plus bas depuis 42 ans à 4,3% alors que le niveau compatible avec une inflation stable est estimé à environ 4,5% par la banque centrale.

Cette remontée des taux intervient dans un contexte de croissance morose. Au troisième trimestre, le PIB a augmenté de +1,6% en rythme annualisé, contre +1,2% au trimestre précédent. La consommation des ménages a rebondi, après un ralentissement au deuxième trimestre lié à l’augmentation des taxes sur les véhicules polluants en avril 2017, mais l’investissement des entreprises a de nouveau ralenti et le commerce extérieur a été un frein.

Sous pression pour redonner des perspectives de croissance au pays, le chancelier de l’Echiquier Philip Hammond a annoncé, lors de sa déclaration d’automne devant le parlement, que le resserrement budgétaire prévu pour 2018/2019 serait moins important. Le gouvernement a maintenu sa prévision d’un déficit de 1,9% en 2018/2019 mais le déficit anticipé pour 2017/2018 a été revu à la baisse (2,4% contre une estimation à 2,9% en mars).

Les marges de manœuvre du gouvernement ont toutefois été limitées par la révision en baisse des prévisions de croissance par l’Office de responsabilité budgétaire (OBR), l’institut indépendant chargé de produire les prévisions économiques et budgétaires officielles.  L’OBR anticipe une croissance durablement plus faible à +1,4% en moyenne sur les quatre prochaines années, contre une estimation de +2,1% en mars 2017.

 

 

 

 

L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 30 novembre 2017 et suceptible de changer.

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