Un choc d’activité sensiblement inférieur à celui du printemps
La publication des chiffres du (1)PIB pour le troisième trimestre fait état d’un rebond de +12,6% en rythme non-annualisé dans la zone euro après une baisse de -7,6% au deuxième trimestre, portant le PIB à 96% de son niveau d’avant crise. Il atteint un niveau similaire en France, en Allemagne et en Italie mais pas en Espagne où il est encore à 91%. On observe donc une certaine homogénéité dans la reprise. Indépendamment de la sévérité des mesures de restriction mises en place au printemps, le rebond de l’activité post-confinement est plus vigoureux dans les pays où elle a le plus chuté.
Avec la multiplication des mesures de restriction en octobre et en novembre, une contraction du PIB dans la zone euro au quatrième trimestre est maintenant très probable. La baisse devrait être significative mais sensiblement inférieure à celle du printemps car un certain nombre de secteurs qui avaient été mis à l’arrêt, comme l’industrie et la construction, ne le sont pas cette fois. (2)L’INSEE estime que le PIB français devrait retomber à 87% de la normale en novembre alors qu’il avait atteint un point bas à 70% en avril.
Le rythme de la reprise économique dépendra bien évidemment de l’évolution des mesures de restriction dans les prochaines semaines. La bonne nouvelle est que le pic épidémique semble avoir été dépassé dans la zone euro. Cela ouvre la voie à un assouplissement des mesures de confinement et à un rebond de l’activité à partir du mois de décembre.
Pour accompagner la reprise économique, la (3)BCE a indiqué qu’elle prendra des mesures de soutien supplémentaire en décembre. Christine Lagarde juge encourageantes les nouvelles relatives aux vaccins mais n’exclut pas des reprises de l’épidémie en attendant que l’immunité généralisée soit atteinte, avec pour conséquence de nouvelles mesures de restriction et des arrêts et redémarrages fréquents de l’économie. La BCE privilégierait, à une baisse des taux, un recalibrage de ses programmes d’achats d’urgence et de prêts à long terme ciblés.
En ce qui concerne les statistiques mensuelles, les enquêtes (4)PMI de novembre ont chuté mais dans une moindre proportion qu’au printemps. Le PMI composite pour l’ensemble de la zone euro est passé de 50,0 à 45,1 en estimation préliminaire à comparer au point bas atteint à 13,6 en avril. La baisse est moins marquée en Allemagne (-3,0 points à 52,0) qu’en France (-7,6 points à 39,9) où les mesures de restriction sont plus sévères. Comme au printemps, on observe un impact plus fort du confinement sur le secteur des services que sur le secteur manufacturier : le PMI manufacturier de la zone euro passe de 54,8 à 53,6 tandis que le PMI des services se replie de 46,9 à 41,3.
(1) PIB : Produit Intérieur Brut, indicateur des richesses produites par un pays.
(2) INSEE : l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques est chargé de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles en France.
(3) BCE : Banque Centrale Européenne.
(4) PMI : les indices PMI sont des indicateurs de confiance qui synthétisent les résultats des enquêtes menées auprès des directeurs d’achats des entreprises. Une valeur supérieure à 50 indique un sentiment positif dans le secteur concerné. Il se décline en 3 sous indices : Manufacturier, Service ou Composite (qui combine les deux).
Joe Biden sera le prochain président
Il aura fallu patienter une dizaine de jours pour que tous les États publient les résultats de l’élection présidentielle mais cela ne fait plus de doute : Joe Biden sera le 46ème président des États-Unis. Le candidat démocrate dispose d’une confortable avance avec 306 des 538 grands électeurs du collège électoral contre 232 pour son rival républicain Donald Trump. Il faudra cependant attendre le 14 décembre et le vote des grands électeurs pour qu’il soit officiellement élu. D’ici à la cérémonie d’investiture de Joe Biden, le 20 janvier, Donald Trump reste président des États-Unis. Celui-ci n’a toujours pas reconnu sa défaite mais les allégations de fraudes émises par le camp républicain ne semblent pas fondées et plusieurs recours ont été rejetés par les tribunaux.
Du côté du Congrès, les résultats ne sont pas encore connus dans toutes les circonscriptions. Les Démocrates sont toutefois assurés de conserver leur majorité à la Chambre des Représentants même s’ils perdent quelques sièges par rapport à la mandature précédente. Au Sénat, les Républicains disposent de 50 des 100 sièges et les Démocrates de 48. Deux sièges sont encore en jeu en Géorgie et ceux-ci ne seront attribués qu’après un second tour qui aura lieu le 5 janvier. Joe Biden est le premier démocrate à remporter la Géorgie depuis Bill Clinton en 1992 mais les sondages sont très serrés. En cas d’égalité entre les deux camps, c’est la vice-présidente démocrate, Kamala Harris, qui les départagera.
La première étape pour Joe Biden sera le passage d’un nouveau plan de relance. Les Démocrates avaient fait campagne sur la mise en œuvre d’un plan de relance d’une ampleur exceptionnelle, au moins 2 000 milliards de dollars, financé notamment par une augmentation des impôts sur les sociétés et sur les plus riches. Sans le Sénat pour les Démocrates, cette deuxième partie ne serait pas mise en œuvre. Cela constituerait une nouvelle favorable pour le marché actions américain, puisque les plans Démocrates auraient sans doute amené une baisse de l’ordre de 10% des profits des entreprises du S&P 500.
Du côté de la conjoncture, le (1)PIB a rebondi de +7,4% en rythme non annualisé au troisième trimestre après une baisse de -9,0% au deuxième trimestre, ce qui ramène le PIB à 97% de son niveau d’avant crise. Le rapport sur l’emploi en octobre était de bonne facture avec 638 000 créations d’emplois et une baisse du taux de chômage d’un point à 6,9%. En novembre, le (2)PMI manufacturier est passé de 53,4 à 56,7 et le PMI des services de 56,9 à 57,7, suggérant que la reprise de l’épidémie et le léger durcissement des mesures de restriction ne perturbent pas trop l’activité économique.
(1)PIB : Produit Intérieur Brut, indicateur des richesses produites par un pays.
(2)PMI : les indices PMI sont des indicateurs de confiance qui synthétisent les résultats des enquêtes menées auprès des directeurs d’achats des entreprises. Une valeur supérieure à 50 indique un sentiment positif dans le secteur concerné. Il se décline en 3 sous indices : Manufacturier, Service ou Composite (qui combine les deux).
La reprise ne faiblit pas
Les statistiques d’activité du mois d’octobre montrent une poursuite de la reprise économique au début du quatrième trimestre. Du côté de l’offre, la production industrielle s’est stabilisée à +6,9% sur un an, un rythme similaire à celui qui prévalait avant la forte baisse de février. La production de services poursuit son accélération et progresse de +7,4% sur un an. Les secteurs de la technologie et des services immobiliers sont particulièrement dynamiques tandis que l’activité dans les secteurs de l’hébergement et de la restauration s’améliore progressivement.
Du côté de la demande, les ventes au détail affichent une hausse de +4,3% sur un an en octobre, contre +3,3% sur un an en septembre. Ce rythme de croissance est encore inférieur à la croissance moyenne de 8% qui prévalait en 2019 mais certaines catégories comme les ventes de voitures progressent plus vite (+12,0% sur un an). On observe également une bonne tenue des ventes de cosmétiques (+18,3% sur un an) et un raffermissement progressif des ventes du secteur de la restauration qui repassent en territoire positif (+0,8% sur un an). L’investissement accélère à +12,2% sur un an, porté par l’augmentation des dépenses dans le secteur de l’immobilier.
Les exportations restent robustes avec une progression de +11,4% sur un an en octobre contre +9,9% sur un an en septembre. Elles pourraient quelque peu pâtir du renforcement des mesures de restrictions en Europe mais l’impact ne serait que temporaire. Les importations étaient très dynamiques en septembre et ralentissaient un peu en octobre, passant de +13,2% à +4,2% sur un an. Les données américaines du commerce extérieur indiquent que les achats chinois de produits concernés par l’accord commercial atteignaient 56 Mds USD depuis le début de l’année à la fin du troisième trimestre. Cela représente environ 40% de l’objectif de 143 Mds qui avait été fixé. S’il est peu probable que la confrontation commerciale et technologique entre la Chine et les États-Unis disparaisse avec l’élection de Joe Biden, la nouvelle administration pourrait avoir une approche plus multilatérale que l’ancienne.
Le Parti communiste chinois a publié ses recommandations pour le 14ème plan quinquennal et les objectifs à long terme pour 2035. Celles-ci indiquent notamment que le (1)PIB par habitant devra atteindre en 2035 le niveau de celui d’un pays à revenu intermédiaire en précisant que cela correspond à un doublement du PIB, ce qui implique une croissance annuelle moyenne de +4,7% sur les quinze prochaines années. Les autorités insistent par ailleurs sur l’importance de la poursuite du rééquilibrage de la croissance, de la réduction des inégalités, d’une meilleure protection de l’environnement et du renforcement de l’innovation.
(1)PIB : Produit Intérieur Brut, indicateur des richesses produites par un pays.
L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 24 novembre 2020 et est susceptible de changer.
Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/point-conjoncturel-juillet-2020/
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