ÉCONOMIE | Lettre de la Gestion Privée | 4ème trimestre 2022

La croissance économique mondiale marque le pas, en raison principalement de la contraction du PIB en Chine. L’activité a également ralenti aux Etats-Unis et en Europe, mais pas assez pour réduire les tensions sur le marché du travail et faire retomber l’inflation, amenant les banques centrales à poursuivre l’augmentation de leurs taux d’intérêt à un rythme soutenu. Ce contexte a pesé sur les marchés obligataires et sur les marchés actions au troisième trimestre. La hausse des taux d’intérêt va-t-elle se poursuivre dans les prochains mois ? Le point bas sur les actifs risqués est-il désormais derrière nous ?

Recul de l’activité mondiale et pressions inflationnistes persistantes

D’après les données de l’OCDE, le PIB dans les pays du G20 a baissé de 1,6% en rythme trimestriel annualisé au deuxième trimestre, après une hausse de +2,0% au premier trimestre. Ce recul de l’activité s’explique principalement par le ralentissement de l’économie chinoise, où les confinements et l’immobilier ont fait chuter le PIB de 10%. Le PIB américain a baissé de 0,6% sur le trimestre, pénalisé par la baisse de l’investissement résidentiel et un moindre stockage. Il s’agit du deuxième trimestre consécutif de baisse du PIB, mais il est trop tôt pour parler de récession, du fait de la bonne tenue de nombreux autres indicateurs, notamment des créations d’emplois. La solidité du marché du travail et l’épargne accumulée par les ménages pendant la crise sanitaire continuent d’apporter un soutien à la consommation. En zone euro, le PIB a augmenté de 3,1% au deuxième trimestre, à la faveur de la demande domestique. Face à la crise énergétique, la conjoncture plie mais ne s’effondre pas, les mesures des gouvernements amortissant le choc. Le taux de chômage reste au plus bas, à 6,6%. En Europe comme aux Etats-Unis, l’inflation demeure très élevée, à respectivement +10,0% et +8,3% sur un an.

Des craintes de récession qui pèsent sur les marchés actions

Les marchés actions avaient bien débuté le troisième trimestre, soutenus par les bonnes publications de résultats d’entreprises et l’idée que le cycle de resserrement monétaire des banques centrales approchait de son terme. Cette idée a finalement été battue en brèche par les discours des banquiers centraux à Jackson Hole, indiquant qu’une poursuite des hausses de taux était nécessaire pour juguler l’inflation. Cela a alimenté les craintes de récession et fait chuter les marchés actions à partir de mi-août. Sur l’ensemble du troisième trimestre, l’Eurostoxx en euros a baissé de 4,7%, le S&P 500 en dollars de 5,3%, le Topix en yen de 1,9% et l’indice MSCI des marchés émergents en dollars de 12,5%.

Poursuite de la hausse des taux d’intérêt

Le contexte d’inflation élevée et de durcissement des politiques monétaires a continué de pousser les taux d’intérêt à la hausse au troisième trimestre. Le taux à 10 ans du Trésor américain a augmenté de 82 points de base à 3,83% et le taux à 10 ans de l’Etat allemand de 77 points de base à 2,11%. La Fed a augmenté son taux directeur à deux reprises pour un total de 150 points de base, le portant à 3,00%-3,25%. Les membres de la Fed anticipent une hausse supplémentaire de 125 points de base d’ici à la fin de l’année et de 25 points de base en 2023. Le taux directeur atteindrait ainsi un pic à 4,625%, niveau qu’il conserverait à fin 2023, avant de redescendre à 3,875% fin 2024. En juin, le taux terminal était attendu à 3,75% en 2023. De son côté, la BCE a augmenté ses taux directeurs à deux reprises pour un total de 125 points de base, portant le taux de dépôt à 0,75% et le taux de refinancement à 1,25%. Un dispositif visant à éviter un emballement des marges de crédit a été mis en place.

Dépréciation de l’euro

Le risque de récession plus élevé en Europe qu’aux Etats-Unis, en raison de la crise énergétique, a pesé sur l’euro. Il est passé sous la parité pour s’établir à 0,98 à la fin du troisième trimestre, contre 1,05 à la fin du deuxième trimestre, soit une baisse de 6,5%.

Perspectives économiques et financières : un contexte défavorable aux actifs risqués

Aux Etats-Unis, les tensions sur les prix et sur le marché du travail ne sont toujours pas résolues. La Fed va devoir continuer à remonter ses taux directeurs pour juguler ces tensions et il semble de moins en moins probable qu’elle y parvienne sans provoquer une récession. Dans la zone euro, une récession nous semble probable à cause des problèmes énergétiques à très court terme, ou du resserrement monétaire à moyen terme. En Chine, il n’est pas certain que les mesures de relance aient le même effet que les précédentes séquences de soutien à l’activité, compte tenu des incertitudes persistantes liées à la politique du zéro-Covid et au ralentissement du marché immobilier. Le gouvernement va néanmoins s’efforcer de maintenir un niveau correct de croissance. Une récession globale nous semble désormais inéluctable, même si son calendrier exact est incertain. Toutefois, en l’absence d’excès majeurs dans l’économie, cette récession devrait rester modérée. La volonté des banques centrales de durcir les conditions financières et les risques exogènes de grande ampleur constituent un environnement très défavorable pour les marchés financiers. La hausse des taux n’est probablement pas finie et va continuer à peser sur les marchés obligataires. Le point bas des actifs risqués est sans doute encore devant nous et ne devrait être atteint qu’après l’entrée en récession des économies occidentales. Ce contexte appelle toujours à une grande prudence en matière d’investissement.

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Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/entre-nous-lettre-de-la-gestion-privee-3eme-trimestre-2022/

L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 20 octobre 2022 et est susceptible de changer.

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