Point conjoncturel – Mai 2020

L’activité a-t-elle touché le fond ?

La multiplication des mesures de confinement a entraîné une baisse brutale du PIB (1) de la zone euro qui a chuté de 14,4% en rythme annualisé au premier trimestre. Sans surprise, la baisse est plus forte dans les pays qui ont mis en place les mesures les plus strictes : -8,6% en rythme annualisé en Allemagne contre -21,4% en France, -17,7% en Italie et -19,4% en Espagne.

La bonne nouvelle est que l’amélioration de la situation épidémique permet une sortie progressive du confinement et qu’aucun signe de deuxième vague n’est visible dans les pays qui se sont déconfinés les premiers (Autriche, Allemagne,…). Cela devrait permettre une première phase de reprise de l’activité, jusqu’à la fin de l’année, mais qui correspondra davantage à une normalisation de l’activité économique dans les secteurs les moins perturbés par les mesures de prophylaxie. Une deuxième phase de reprise à proprement parler suivra à partir de la fin d’année.

La publication des indices PMI (2) de mai pour la zone euro montre un net rebond à partir des niveaux abyssaux du mois d’avril, le PMI composite passant de 13,6 à 31,9. Le rebond est très fort dans les services. L’indicateur était passé de 52,6 en février à 12 en avril et il revient à 30,5, un niveau qui reste particulièrement bas. Le PMI manufacturier progresse de 33,4 à 39,4. Si les enquêtes PMI sont d’habitude très bien corrélées à la croissance économique, il est peu probable que l’on puisse inférer de leur niveau une indication pour la croissance sur les prochains mois, dans la mesure où l’activité n’évoluera pas seulement en fonction des mécaniques cycliques classiques.

Face à la crise du coronavirus et sous l’impulsion de la France et de l’Allemagne, la Commission Européenne (3) a présenté un plan de relance d’un montant de 750 Mds EUR (5,4% du PIB de l’Union Européenne). Ce complément exceptionnel au cadre de financement pluriannuel sera levé sur les marchés et ensuite reversé aux secteurs et régions les plus touchés par la crise sous la forme de subventions (500 Mds EUR) et de prêts (250 Mds EUR), sur trois ans et à compter de janvier 2021. L’Italie et l’Espagne en seraient les premiers bénéficiaires. Ce plan de relance doit être validé par les vingt-sept pays membres et risque de se heurter aux « quatre frugaux » (Autriche, Danemark, Suède, Pays-Bas) qui sont réticents à l’idée d’une mutualisation des dettes. Ils demandent également des assurances sur la bonne utilisation des fonds et un engagement à des réformes.

(1) PIB : Produit Intérieur Brut, indicateur des richesses produites par un pays. Indicateur économique principal de mesure de la production économique réalisée à l’intérieur d’un pays donné

(2) PMI : les indices PMI sont des indicateurs de confiance qui synthétisent les résultats des enquêtes menées auprès des directeurs d’achats des entreprises. Une valeur supérieure à 50 indique un sentiment positif dans le secteur concerné. Il se décline en 3 sous indices : Manufacturier, Service ou Composite (qui combine les deux).

(3) Commission européenne : La Commission européenne est la branche exécutive de l’Union européenne. Politiquement indépendante, elle est chargée d’élaborer des propositions législatives et met en œuvre les décisions du Parlement européen et du Conseil de l’Union européenne.

 

Premiers signes de redémarrage de l’activité ?

Les mesures de confinement ont fait chuter le PIB (1) américain de 4,8% en rythme annualisé au premier trimestre. Il s’agit de la baisse la plus importante depuis la crise de 2008 et celle-ci devrait être encore plus forte au deuxième trimestre avec l’arrêt de l’activité dans la plupart des États en avril. Les ventes au détail et la production industrielle se sont repliées de respectivement 16,4% et 11,2% sur le mois. La Fed (2) d’Atlanta, qui calcule le PIB de façon hebdomadaire sur la base des données publiées, estime que la contraction au deuxième trimestre devrait avoisiner 40% en rythme annualisé.

Le rapport sur l’emploi d’avril illustre l’ampleur du choc : 20,5 millions d’emplois ont été détruits sur le mois et le taux de chômage atteint désormais 14,7%, un plus haut depuis la Grande Dépression des années 30. Ce chiffre sous-estime probablement la dégradation puisque 6 millions de personnes sont sorties de la population active. L’augmentation du chômage est à peu près similaire à l’augmentation du chômage partiel, ce qui est positif sur la capacité de rebond. Cependant, il convient de rester prudent car toute personne mentionnant le COVID-19 comme raison de son chômage serait comptabilisée dans cette catégorie. La forte hausse du salaire horaire moyen (+4,7% sur le mois) reflète des effets de composition, l’essentiel des emplois détruits étant des emplois peu rémunérés.

Les données hebdomadaires relatives au marché du travail envoient des signaux mitigés. Les nouvelles inscriptions au chômage diminuent depuis sept semaines mais restent à des niveaux extraordinairement élevés. Le nombre de personnes percevant une indemnisation chômage semble se stabiliser, ce qui indique qu’une partie des chômeurs retourne au travail, un signal positif.

S’il semble encore trop tôt pour affirmer que le marché du travail américain repart, les enquêtes de confiance rebondissent un peu en mai à partir de niveaux extraordinairement bas. Les indices PMI (3) de Markit (4) ont augmenté de 36,1 à 39,8 dans le secteur manufacturier et de 26,7 à 37,5 dans celui des services. On observe également un léger rebond de l’indice Conference Board (5) de confiance des consommateurs et de l’indice NAHB (6) des constructeurs de maisons qui restent très en-dessous de leurs niveaux de début d’année.

Le point positif est que l’épidémie semble avoir passé un pic. Depuis le point haut de mi-avril, le nombre de nouveau cas ralentit progressivement et on observe un ralentissement marqué du nombre de nouveaux décès. L’amélioration de la situation sanitaire a permis à la plupart des États fédérés de rouvrir leur économie, ce qui devrait permettre un redémarrage mécanique de l’activité à partir du troisième trimestre.

(1) PIB : Produit Intérieur Brut, indicateur des richesses produites par un pays. Indicateur économique principal de mesure de la production économique réalisée à l’intérieur d’un pays donné.

(2) Fed : banque centrale américaine

(3) PMI : les indices PMI sont des indicateurs de confiance qui synthétisent les résultats des enquêtes menées auprès des directeurs d’achats des entreprises. Une valeur supérieure à 50 indique un sentiment positif dans le secteur concerné. Il se décline en 3 sous indices : Manufacturier, Service ou Composite (combine les deux).

(4) Markit : entreprise américaine d’information économique.

(5) Conference Board : le Conference Board est une organisation à but non lucratif, créée au début du 19ème siècle, qui compile des données provenant de très nombreuses sources économiques.

(6) NAHB : indicateur du marché du logement évaluant le niveau relatif des ventes actuelles et futures de logements unifamiliaux.

 

Poursuite de la reprise

Les mesures de confinement ont fait chuter le PIB (1) chinois de 33,8% en rythme annualisé au premier trimestre, ce qui porte le glissement sur un an à -6,8%. Cette contraction historique masque un rebond de l’activité à partir du mois de mars que les données d’avril confirment. La croissance sur un an de la production industrielle repasse en territoire positif à +3,9% contre -1,1% en mars, de même que celle de l’investissement qui ressort à +0,8% contre -9,3% en mars. En revanche, la production de services reste en baisse de 4,5% sur un an et les ventes au détail de 7,5% sur un an, contre respectivement -9,1% et -15,8% en mars. La décomposition des ventes au détail montre un rebond notable des achats d’automobiles et des dépenses liées à l’équipement du logement tandis que l’amélioration est moins forte pour les dépenses de restauration qui est la seule composante des services incluse dans les ventes au détail.

Les enquêtes PMI (2) ont nettement rebondi depuis leur point bas de février. La moyenne des indices PMI manufacturiers de Caixin (3) et du NBS (4) s’affiche à 50,7 en mai et celle des indices PMI services à 54,3. Elles repassent ainsi au-dessus des niveaux qui prévalaient en janvier, une bonne nouvelle qui ne signifie pas pour autant que le niveau d’activité est supérieur à celui de début d’année. Les nouvelles commandes à l’exportation ont chuté mais les exportations ont bien résisté en avril (+3,5% sur un an), aidées par un effet de base et possiblement l’expédition de commandes passées avant le confinement. En revanche, les importations marquent le pas (-14,2% sur un an).

Lors du Congrès populaire national, les autorités ont annoncé l’abandon de leur objectif annuel de croissance à cause de l’incertitude. L’objectif fixé à la politique économique sera le soutien à l’emploi et à l’investissement. La relance budgétaire pour l’activité est renforcée et la politique monétaire sera également sollicitée. Le gouvernement chinois s’engage à mettre en œuvre l’accord commercial sino-américain, mais le regain de tension entre la Chine et les Etats-Unis est à surveiller.

(1) PIB : Produit Intérieur Brut, indicateur des richesses produites par un pays. Indicateur économique principal de mesure de la production économique réalisée à l’intérieur d’un pays donné.

(2) PMI : les indices PMI sont des indicateurs de confiance qui synthétisent les résultats des enquêtes menées auprès des directeurs d’achats des entreprises. Une valeur supérieure à 50 indique un sentiment positif dans le secteur concerné. Il se décline en 3 sous-indices : Manufacturier, Service ou Composite (combine les deux).

(3) Caixin : indicateur PMI de la vigueur de l’économie chinoise.

(4) NBS (National Bureau of Statistics) : le Bureau national des statistiques est une agence publique rattachée au Conseil des affaires de l’État de la République populaire de Chine chargée de la collecte et de la publication des statistiques relatives à l’économie, à la population et à la société de la Chine aux niveaux national et local.

 

L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 28 Mai 2020 et est susceptible de changer.

 

Voir aussi :

Zone euro : rebond des PMI en mai

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