Point conjoncturel – Novembre 2021

Une activité toujours dynamique

A +2,1% annualisé, le chiffre de croissance du troisième trimestre est très en-dessous de ce qui était attendu au début de la période. Mais ce chiffre « décevant » après une série de chiffres très forts s’explique en grande partie par les problèmes de chaînes d’approvisionnement dans certains secteurs comme l’automobile. En effet, les ventes de voitures neuves ont retranché 2,5% à la croissance globale. Le problème n’est pas une absence de demande, comme en témoigne le prix des voitures d’occasion, mais la difficulté à produire suffisamment de voitures. En octobre, les ventes de véhicules neufs ont rebondi de 7% après avoir baissé de 35% sur cinq mois.

Plus globalement, les données d’activité montrent qu’après une légère faiblesse liée au regain de Covid (variant Delta), la consommation en volume a progressé de 0,7% sur le mois d’octobre. La production industrielle était en hausse de 1,6% sur le même mois. 531 000 emplois ont été créés et le taux de chômage a de nouveau baissé pour s’établir à 4,6%. La tendance devrait rester favorable à en juger par la trajectoire des inscriptions hebdomadaires au chômage. Le taux de participation est resté stable à 61,6%, alors que la fin des bonifications d’indemnisation chômage et le retour des enfants à l’école auraient pu ramener des personnes vers le marché du travail. L’indice du coût de l’emploi, mesure préférée de la Réserve Fédérale, a progressé de 1,3% au troisième trimestre, sa plus forte hausse depuis le début de la série en 2000.

Les données d’inflation étaient encore fortes sur le mois d’octobre : le déflateur « core » de la consommation progressait de 0,4%, ce qui porte la progression annuelle des prix hors alimentation et énergie à +4,1%, son niveau le plus élevé depuis 1990. Si l’on ajoute les prix de l’énergie et de l’alimentation, la progression atteint 5,0%.

Le coût du logement poursuit également son accélération. Les indices d’activité ISM ou PMI restent bien orientés même si la hausse s’explique notamment par l’augmentation des délais de livraison. L’ISM non-manufacturier atteint 66,7 points, un niveau jusqu’alors jamais atteint, notamment grâce à un record des nouvelles commandes. L’ISM manufacturier s’établit à 60,8.

Jerome Powell a été confirmé pour un nouveau mandat de président de la Réserve Fédérale et Lael Brainard devient vice-présidente. Avant l’apparition d’un nouveau variant de Covid en Afrique du Sud, plusieurs membres de la Fed ont évoqué la possibilité d’accélérer le mouvement de baisse des achats de titres. Sur le plan budgétaire, un plan d’investissement en infrastructures a été adopté et le plan de dépenses sociales est encore en cours de négociations.

 

[1] ISM : publié chaque mois par l’Institute for Supply Management, cet indice est séparé en deux grandes familles : L’ISM manufacturier, reflétant la santé du secteur aux USA et l’ISM services, plus spécifique aux activités tertiaires.

[2] PMI : Purchasing Managers Index. Les indices PMI sont des indicateurs de confiance qui synthétisent les résultats des enquêtes menées auprès des directeurs d’achats des entreprises. Une valeur supérieure à 50 indique un sentiment positif dans le secteur concerné (manufacturier ou service)

[3] Fed : La réserve fédérale des Etats-Unis, soit la banque centrale des Etats-Unis.

 

 

Nouvelle vague

Les contaminations de Covid-19  se sont très rapidement multipliées lors des dernières semaines, d’abord en Europe centrale puis sur le reste du continent. Des pays comme l’Allemagne, l’Autriche ou les Pays-Bas ont pris de nouvelles mesures de restriction plus ou moins importantes.

Avant ces événements, la dynamique économique était favorable. La hausse de 2,2% du PIB en rythme non-annualisé au troisième trimestre a ramené le niveau d’activité économique à moins de 0,5% du niveau qui prévalait au dernier trimestre 2019. Si le détail des contributions n’est pas connu pour la zone euro dans son ensemble, les pays qui ont publié le détail de leur activité ont observé une contribution très positive de la consommation dans le contexte de levée des restrictions. Le regain actuel de l’épidémie et l’émergence d’un nouveau variant causeront-t-ils une nouvelle rechute de l’activité ?

Les indices PMI publiés de manière avancée pour le mois de novembre sont rassurants, mais la période d’estimation a probablement eu lieu avant l’envolée des cas en Europe. Le PMI composite progresse de 54,2 à 55,8, grâce à une hausse marquée de la composante services (de 54,6 à 56,6) et une progression plus mesurée de l’indice manufacturier (+0,3 point à 58,6). L’indice s’affichait à 56,2 en septembre. L’Allemagne affiche une progression modérée à 52,8, alors que la situation s’améliore davantage en France et dans le reste de la zone euro.

En septembre, les ventes au détail ont baissé de 0,3% après une hausse de 1,0%. Les ventes de voitures ont rebondi de 3% mais elles ont baissé d’autant au mois d’octobre, dans un contexte où les volumes de production restent pénalisés par les problèmes d’approvisionnement. En septembre, la production automobile est restée stable après la forte baisse des mois précédents. Le taux de chômage a poursuivi son repli pour atteindre 7,4%.

L’inflation est restée forte au mois d’octobre du fait de la hausse des prix de l’énergie. Au global, les prix progressent de 0,6% sur le mois. Hors alimentation et énergie, la progression n’est que de 0,1% sur le mois, mais cela fait suite à plusieurs mois relativement forts. Si l’on corrige des effets des ajustements de TVA, la variation sur les six derniers mois correspond à un rythme légèrement supérieur à 2,0%.  Le mouvement devrait se poursuivre, si l’on en juge par les composantes prix des différentes enquêtes auprès des entreprises.

[1] PIB : Produit Intérieur Brut, indicateur des richesses produites par un pays. Indicateur économique principal de mesure de la production économique réalisée à l’intérieur d’un pays donné

[2]PMI : les indices PMI sont des indicateurs de confiance qui synthétisent les résultats des enquêtes menées auprès des directeurs d’achats des entreprises. Une valeur supérieure à 50 indique un sentiment positif dans le secteur concerné. Il se décline en 3 sous indices : Manufacturier, Service ou Composite (qui combine les deux).

[3] TVA : La taxe sur la valeur ajoutée est un impôt sur la consommation. Il s’agit d’un impôt indirect, c’est-à-dire qu’il n’est pas collecté directement par l’État mais par le vendeur qui le collecte et le reverse à l’État.

 

Un ralentissement sous contrôle ?

Après avoir plongé en août du fait des mesures de restriction prises pour lutter contre une résurgence de Covid-19, les indices PMI s’étaient bien redressés en septembre puis ont été globalement stables au mois d’octobre avec une légère hausse du PMI Caixin et une légère baisse du PMI officiel.

Les données d’activité d’octobre affichaient du mieux sur la plupart des secteurs, sauf ceux liés à l’immobilier. Les ventes au détail progressaient de 4,9% contre +3,7% le mois précédent. La production industrielle, aidée par une amélioration de la situation énergétique du pays, rebondissait à +3,5% contre +3,1% le mois précédent. Le gouvernement a en effet pris des mesures destinées à augmenter l’approvisionnement en charbon qui fournit 60% de l’électricité en Chine. Le commerce extérieur continuait d’être très dynamique, grâce à une hausse de 27,1% des exportations et une hausse de 20,6% des importations.

En revanche, le résidentiel pesait sur l’investissement, qui baisse de 2,4% sur le mois. Les surfaces de logements mis en chantier baissent de 33% sur un an et les surfaces de logements vendus reculent de 24%. Dans ce contexte, les prix de l’immobilier continuent de s’orienter à la baisse, -0,2% sur le mois.

Les données de crédit à l’économie étaient légèrement en-dessous des attentes au mois d’octobre, mais les crédits bancaires étaient en hausse sur le mois et la masse monétaire M2 affiche une accélération à 8,7%. Le gouvernement a annoncé assouplir un peu les conditions d’octroi de crédit hypothécaire.

Quant aux pressions inflationnistes, elles commencent à émerger, au moins au niveau des prix à la production. L’accélération des prix à la consommation de 0,7% à +1,5% sur le mois doit beaucoup à l’énergie. Hors alimentation et énergie, la progression n’est que de +1,3%, soit le niveau qui prévalait en début d’année 2020. En revanche, les prix à la production sont en forte hausse : +13,5% sur le mois.

Les dirigeants du parti communiste chinois ont adopté une résolution qui devrait permettre à XI Jinping de se maintenir au pouvoir au-delà de 2022, afin de continuer le développement de la prospérité commune.

[1] PMI : Les indices PMI sont des indicateurs de confiance qui synthétisent les résultats des enquêtes menées auprès des directeurs d’achats des entreprises. Une valeur supérieure à 50 indique un sentiment positif dans le secteur concerné. Il se décline en 3 sous indices : Manufacturier, Service ou Composite (qui combine les deux).

[2] Caixin : indicateur PMI de la vigueur de l’économie chinoise.

[3] Masse monétaire : Ensemble des moyens de paiement dans une nation. On distingue plusieurs agrégats en fonction du degré de liquidité de leurs composants.

 

Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/point-conjoncturel-octobre-2021/

L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 26 novembre 2021 et est susceptible de changer.

 

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