Perspectives économiques : 2016, une année de contrastes

La croissance mondiale devrait être marginalement meilleure qu’en 2015 et devrait rester marquée par des situations contrastées entre les pays développés, où la reprise va se poursuivre, et les économies émergentes, qui doivent naviguer dans un contexte international moins favorable. Le bas niveau des taux d’intérêt rend un achat d’obligations d’État risqué dans un contexte où la normalisation de la politique monétaire américaine n’est pas encore totalement intégrée par les marchés. En revanche, les marchés actions de la zone euro devraient rester portés par la croissance des résultats.

Perspectives économiques

Un environnement favorable aux pays développés

Monde : des évolutions contrastées entre les zones

L’économie mondiale devrait rester marquée par des évolutions contrastées entre les pays développés, où la reprise va se poursuivre, et les économies émergentes, qui continuent de s’ajuster à un contexte international qui leur est moins favorable. Un rebond notable du prix des matières premières nous semble peu probable cette année : le marché du pétrole reste caractérisé par une offre pléthorique et la transition vers un nouveau modèle de croissance en Chine continuera de peser sur le prix des métaux. L’année 2016 s’annonce marquée par une actualité politique chargée et par des tensions géopolitiques qui peuvent être source de volatilité. Dans ce contexte, la croissance mondiale ne devrait pas connaître d’accélération marquée mais ne devrait pas non plus se dégrader davantage.

États-Unis : la Fed va continuer de remonter ses taux

Certains facteurs qui ont pesé, comme la baisse de la dépense publique, s’estompent et la reprise en cours dans le secteur de la construction va soutenir l’activité. L’impact de la hausse du dollar et de la baisse du prix du pétrole devrait également s’estomper mais le consommateur continuera de profiter des gains de pouvoir d’achat qui n’avaient pas été entièrement répercutés sur la consommation. Ainsi, la croissance devrait rester solide (autour de 2,5%) et générer suffisamment d’emplois pour que la Fed continue de remonter ses taux d’intérêt.

Zone euro : la reprise va se poursuivre

La politique monétaire très accommodante de la BCE devrait continuer de se diffuser dans l’économie grâce à la reprise du crédit. La consommation restera soutenue par la baisse du prix du pétrole et les avancées sur le front de l’emploi. Seul point noir : le risque politique, avec des situations délicates en Espagne et au Portugal notamment. Les achats de la BCE devraient cependant être amplement suffisants pour éviter tout emballement sur les marchés.

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Japon : une amélioration après un passage à vide

Le Japon a connu un trou d’air au premier semestre mais une révision à la hausse de la croissance au troisième trimestre montre que l’économie a échappé à une récession technique. Si la croissance peine à accélérer, le marché du travail continue de se tendre. L’activité devrait ainsi progressivement se redresser à mesure que l’accélération des salaires soutiendra la consommation. Les exportations sont également mieux orientées depuis l’été, ce qui est rassurant pour la conjoncture.

Chine : un atterrissage en douceur

Le ralentissement en cours dans le secteur résidentiel devrait maintenir des pressions baissières sur la croissance cette année. Les autorités utilisent toutefois leurs marges de manœuvre pour éviter un ralentissement trop rapide. Selon nous, la dépréciation du yuan face au dollar n’est pas le signe d’inquiétudes sur la croissance chinoise mais une conséquence de la modification de la politique de change de la banque centrale qui pilote désormais sa monnaie face à un panier de devises. Pour soutenir l’activité, la politique monétaire devrait continuer d’être assouplie.

Pays émergents : une croissance à plusieurs vitesses

La croissance des pays émergents devrait rester hétérogène et fonction de l’exposition aux matières premières. Ce contexte est favorable aux pays d’Asie émergente qui disposent par ailleurs de marges de manœuvre pour soutenir leur demande domestique. La croissance pourrait être un peu meilleure en Russie mais le Brésil reste dans une situation délicate. Si les vulnérabilités extérieures sont limitées à quelques pays, le durcissement des conditions de crédit et la hausse de l’endettement des entreprises invitent à la prudence.

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Perspectives financières

Privilégier les marchés actions, notamment de la zone euro

Des marchés obligataires sous influence de la Fed

La normalisation de la politique monétaire américaine n’est pas encore intégrée par les marchés. Elle devrait donc entraîner une remontée des taux longs aux Etats-Unis et ailleurs par contagion.

Dans l’univers du haut rendement, le crédit européen devrait rester soutenu par la politique monétaire de la BCE et l’amélioration de la conjoncture.

Les spreads sur la dette émergente ont déjà bien augmenté mais elle sera davantage sensible au durcissement de la politique monétaire américaine.

L’euro devrait encore marginalement se déprécier face au dollar.

Davantage de sélectivité sur les marchés actions

Les marchés actions sont très volatils du fait des inquiétudes sur la croissance, mais il faut avoir à l’esprit qu’ils restent la classe d’actifs dont la valorisation est la plus proche de la normale. Dans ce contexte, il nous semble pertinent de privilégier les marchés où les valorisations sont raisonnables et où le potentiel d’appréciation des résultats est encore présent, à savoir les marchés européens et japonais. La faible valorisation des marchés émergents en fait certes un actif intéressant mais les risques sont encore élevés.

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Focus

Le risque d’accélération de l’inflation dans les pays développés est-il sous-estimé ?

La plupart des investisseurs tablent sur une remontée très progressive de l’inflation à partir des bas niveaux actuels et acceptent donc des taux d’intérêt très bas.

Selon les swaps d’inflation, elle devrait rester en dessous de 2% pour encore une dizaine d’années dans la zone euro et pour près de cinq ans aux Etats-Unis.

Cette faiblesse tient beaucoup à la baisse du prix du pétrole mais ce facteur devrait progressivement s’estomper avec la disparition des effets de base. La baisse du taux de chômage dans les pays développés va entrainer, tôt ou tard, une accélération des salaires qui se reflètera dans l’inflation. Aux Etats-Unis, cela pourrait se produire dès cette année. Dans ce cas, les taux d’intérêt pourraient remonter assez violemment.

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Calendrier

Que suivre dans les prochaines semaines ?

Dans les prochaines semaines, les marchés resteront attentifs aux fluctuations des cours du pétrole, aux évolutions conjoncturelles en Chine et aux éventuelles annonces des grandes banques centrales de la planète, notamment de la Fed et de la BCE fin janvier. Il faudra également suivre l’évolution de la situation politique dans les pays périphériques de la zone euro et dans certains grands pays émergents. En mars, les autorités chinoises communiqueront le détail de leur plan quinquennal avec les objectifs chiffrés pour cette année.

 

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